Crédits photo: ULaval

L’Université Laval et les assos réagissent à la réforme du PEQ

Devant l’inquiétude des étudiants et des étudiantes face aux intentions du ministre de l’Immigration de modifier le Programme de l’expérience québécoise (PEQ), Sophie D’Amours, rectrice de l’Université Laval, a fait une sortie publique le 6 novembre afin de saluer l’ajout d’une clause de droits acquis pour les étudiants internationaux déjà en sol québécois. Toutefois, pour les associations étudiantes, ce recul du gouvernement n’est pas suffisant.

«Je tiens à saluer la décision du ministre ce matin d’offrir une clause grand-père à tous les étudiants. On était très inquiets, nos étudiants internationaux ont vécu une période de stress et la réponse est la bonne à mon avis», a annoncé d’entrée de jeu Mme D’Amours aux médias. Elle ne cache pas que les changements apportés au PEQ pourraient avoir un impact sur le recrutement à l’étranger.

En effet, rappelons qu’en juillet dernier, le gouvernement suspendait temporairement le Programme expérience québécoise (PEQ), une suspension qui devait prendre fin le 1er novembre 2019. Or, lors de l’annonce du retour de la mesure qui permettait aux étudiants internationaux d’accéder plus facilement à la résidence permanente, le gouvernement provincial expliquait que cette dernière serait modifiée.

Ainsi, les diplômé.es auparavant admissibles devront désormais avoir été formés dans l’un des programmes faisant partie de la liste préalablement mise sur pied. Le gouvernement a choisi de modifier le PEQ, de sorte à favoriser l’intégration sur le marché du travail des étudiants diplômés d’un programme touché par la pénurie de main-d’œuvre, afin de répondre aux besoins du marché du travail. Selon le gouvernement du Québec, cette liste de 238 domaines devrait être mise à jour annuellement.

«Vous savez, à Québec, le taux de chômage est de 2,3%, c’est le plein emploi. On est une ville, une région où tous les talents sont bienvenus et particulièrement les talents de niveau universitaire, parce qu’on a une économie qui est très diversifiée et qui fait appel à ces talents. J’espère et j’ose croire que dans la discussion qu’on aura, on pourra amener le gouvernement à considérer des changements par rapport à la liste des disciplines», a ajouté la rectrice.

S’il ne prenait pas de recul par rapport à sa première décision de l’imposer à tous, on estime que ce sont plus de 4000 étudiants de l’Université Laval qui auraient été touchés par la réforme.

La clause grand-père jugée «insuffisante»

C’est hier (le 6 novembre) que Simon Jolin-Barrette, ministre de l’Immigration, a annoncé l’ajout d’une clause de droits acquis pour les étudiants internationaux déjà en sol québécois.

Pour la CADEUL, ce recul «ni surprenant ni suffisant […] démontre que la réforme de l’immigration du gouvernement relève de la pure idéologie». Alors qu’une manifestation devant l’Assemblée nationale était organisée ce jeudi 7 novembre en matinée, on peut lire sur la page Facebook de l’association étudiante que «la CADEUL demande au gouvernement un recul complet et non partiel des restrictions imposées aux étudiantes et aux étudiants internationaux dans le cadre de la réforme du PEQ».

«Effectivement, bien que l’annonce d’une «clause grand-père» permette au moins de rassurer les étudiantes et étudiants actuellement au Québec, la CADEUL considère qu’elle ne résout en rien le problème initial et que le ministre Jolin-Barrette ne peut pas se contenter de réduire une à une les nombreuses conséquences néfastes de sa réforme. Tel que l’a mentionné la rectrice, dans le monde de demain, on a besoin de toutes les disciplines. Pour ce faire, le ministre doit rétablir le PEQ initial», a énoncé Laurence Vaillancourt, présidente de la CADEUL, en réaction à la prise de parole de la rectrice.

«Les modifications apportées au PEQ sont désolantes non seulement pour les étudiantes et étudiants qui ne pourront plus profiter de ce programme, mais aussi pour tout le Québec qui risque de perdre des immigrantes et des immigrants hautement qualifiés et déjà intégrés dans nos communautés. Nous continuerons de suivre ce dossier de près. Il est de notre avis inacceptable que le gouvernement crée deux classes de diplômées et diplômés au Québec.»
-CADEUL

Même son de cloche aux cycles supérieurs

Dans un texte publié le 31 octobre dernier sur son site web intitulé «Modification au PEQ volet diplômé.es : l’abandon de diplômé.es qui ont investis dans le Québec», l’AELIÉS affiche elle aussi clairement ses couleurs quant à la volonté du ministre de l’Immigration.

Pour le président, Nicolas Pouliot, une réaction plus rapide de la part de la rectrice aurait contribué à rassurer les membres de la communauté étudiante, alors qu’il explique que plusieurs «de nos membres vivaient de l’inquiétude».

«L’AELIÉS aimerait que l’UL ne demande pas au gouvernement une révision partielle de la liste, mais un recul complet. On salue quand même son [Sophie D’amours] opposition face aux modifications annoncées par le gouvernement», a-t-il précisé.

Estimant que seuls les diplômé.es en provenance de 24 programmes de maîtrises et de 7 programmes de doctorats seront admissibles au nouveau PEQ volet diplômés, l’AELIÉS se questionne : «Le gouvernement du Québec croit-il que ces programmes détiennent exclusivement le potentiel de contribuer à l’épanouissement de la société québécoise et à son économie? Pourtant, plusieurs diplômé.es aux cycles supérieurs contribuent chaque jour à l’avancement de la science et au progrès de la société grâce à leurs recherches», peut-on lire.

«L’AELIÉS tenait à dénoncer rapidement cette mesure qui vient, une fois de plus, chambouler les plans de vie et de carrière de milliers de diplômé-es internationaux-ales québécois-e-s.»
-AELIÉS

Les membres de l’association étudiante déplorent aussi le fait de «rejeter automatiquement de ce programme des diplômé.es ayant choisi le Québec, connaissant le français et disposant déjà d’un réseau social, académique et professionnel, et ce, uniquement parce qu’ils n’ont pas choisi la bonne formation», craignant que cette mesure de limitation de l’accès «ne règlera en rien le problème» de pénurie de main-d’œuvre.

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