Pourquoi l’Université Laval ne participe pas financièrement au LPU ?

Cette question, plusieurs nous l’ont posée depuis la victoire du Oui au référendum de novembre dernier. Pourquoi une université qui milite pour le développement durable et l’environnement a pris la décision de ne pas investir financièrement dans un projet qui correspond à leur vision ?

La semaine dernière, lors de la conférence qui confirmait l’arrivée du Laissez-passer universitaire (LPU) pour l’automne 2019, nous avons profité de la présence de Robert Beauregard, vice-recteur exécutif et vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes de l’Université Laval, et de Rémy Normand, président du RTC, pour poser la question que plusieurs étudiant-es soulèvent : Pourquoi l’Université Laval ne participe pas financièrement au LPU ?

Principalement, c’est le manque de fonds qui oblige l’Université à se retirer d’une participation financière au projet. En conférence de presse, M. Beauregard explique que l’Université Laval ne peut pas puiser dans son budget de fonctionnement pour financer le LPU. «On est obligé de les remettre dans les activités de formation», souligne le vice-recteur exécutif.

Toutefois, le budget de fonctionnement n’est pas la seule source de financement de l’institution. Les vignettes de stationnement ou la location de salles rapportent aussi des revenus à l’Université Laval. Questionnée à cet égard, la porte-parole de l’Université Laval, Andrée-Anne Stewart, explique que des décisions internes ont été prises pour investir cet argent dans d’autres projets.

Elle souligne l’exemple des sommes provenant de la vente des vignettes de stationnement. «Les sommes résultant de la vente des vignettes servent à pourvoir aux dépenses associées au maintien d’actif des stationnements et à l’administration de la Fondation», explique la porte-parole.

«Ainsi, aucuns frais d’administration ne sont prélevés sur les dons destinés à offrir des bourses aux étudiantes et aux étudiants de l’Université Laval», ajoute-t-elle en confirmant que cette décision incite les donateurs et donatrices à donner généreusement aux étudiant-es sans craindre qu’une partie de leurs dons soit retenue par la Fondation pour des frais administratifs.

Différents modèles

La question d’une participation financière est légitime puisque l’UQAC et l’Université de Sherbrooke, deux universités qui offrent un laissez-passer à ses étudiant-es, investissent financièrement dans le projet.

Le Regroupement des étudiants de maîtrise, diplôme et doctorat (REMDUS) de l’Université de Sherbrooke félicite la participation monétaire de leur institution. L’administration sherbrookoise paye la moitié des frais liés au laissez-passer, un montant qui s’élève à 32,54 $ par session, confirme Katia Beaudy, directrice aux services et finances du REMDUS. Elle souligne qu’environ la moitié de la population étudiante utilise dorénavant le transport en commun.

Pour le vice-recteur de l’Université Laval, M. Beauregard, les comparaisons ne sont pas possibles entre ces différentes institutions. Le volume, le nombre d’étudiant-es et l’étendue du réseau de transport en commun sont beaucoup plus importants à Québec qu’à Sherbrooke ou Chicoutimi. «Les ordres de grandeur financiers ne sont pas les mêmes», ajoute-t-il.

De son côté, Rémy Normand tenait aussi à illustrer les différents modèles de Laissez-passer qui ont été instaurés ici même, à Québec. «Ici la formule qui a été retenue, débattue, c’est la formule du Laissez-passer universitaire. Il n’y a pas de formule unique», déclare-t-il.

Le membre du comité exécutif de la Ville de Québec rappelle qu’au Cégep Garneau, c’est le premier mois de la session qui est offert gratuitement. «On a observé un taux de rétention et de maintien assez élevé», se félicite le président du RTC. De plus, depuis janvier, les étudiants des cégeps de Limoilou et Sainte-Foy peuvent se procurer un laissez-passer à tarif réduit d’une durée de 17 semaines. Le coût est de 155 $ par session pour une utilisation illimitée du réseau du RTC. À la différence du LPU offert par la CADEUL et de l’AELIÉS, la participation des cégépiens est volontaire, mais n’inclut pas le réseau de transport de Lévis.

Rémy Normand est ravi de voir la popularité de ces différents modèles. À ses yeux, cela démontre l’intérêt des jeunes pour la mobilité durable.

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