La direction de l’Université Laval sera très active au courant des prochains mois en matière d’activités de sensibilisation contre le harcèlement sexuel. La vague de dénonciations des dernières semaines semble donner raison à la direction de l’Université, lorsque celle-ci affirme l’importance d’éduquer la nouvelle génération en ce qui trait du respect de l’intégrité physique et psychologique d’autrui.
Le vice-recteur exécutif, Robert Beauregard, soutient que l’UL tente non seulement d’aider les victimes d’abus sexuels à dénoncer leurs agresseurs, mais vise également à outiller les témoins d’agressions sexuelles. Les dénonciations qui ont suivi l’apparition du mot clic #MoiAussi ont d’ailleurs révélé la force de la loi du silence qui pouvait exister chez ces témoins, selon lui.
Le projet Témoins actifs sera ainsi remis en branle éventuellement. Sa mission sera d’instruire les étudiants à savoir quoi faire lorsqu’ils sont témoins d’actes pouvant être considérés comme du harcèlement ou une agression.
Il a été porté à l’attention de certains intervenants en la matière que plusieurs restent « figés » lorsqu’ils sont témoins de violences sexuelles. Par ailleurs, certains ne savent pas vers qui se tourner pour dénoncer ce genre d’agressions.
L’Université travaillera donc davantage pour faire connaitre l’ensemble de ses services en matière de prévention mais aussi pour éduquer les jeunes en matière de respect et de consentement. « On voit bien qu’il y a un de changement mentalité au sein de notre société, où le respect doit prédominer. Si une personne est victime de harcèlement, et bien on doit se dire que c’est inacceptable de voir ça les bras croisés et de ne rien faire », a déclaré le vice-recteur aux affaires sociales.
Expertise qualifiée
Mme. Josée Laprade, pour sa part directrice du Centre de prévention et d’intervention en matière de harcèlement (CPIMH) a mentionné le lancement dès cette semaine d’une seconde campagne : le respect, rien de moins. « Une agression sexuelle, c’est un manque de respect à la base et on doit conscientiser tout le monde », répète-t-elle.
De plus, Mme. Laprade mentionne que l’Université a embauché au courant des derniers mois des spécialistes pouvant épauler le CPIMH pour encore mieux accompagner les victimes d’agressions sexuelles.
« Nous sommes aussi l’une des universités membres du projet Angelot. Celui-ci consiste à former tous les employés de bars universitaires à être en mesure de détecter les gestes de harcèlement sexuel », ajoute la directrice du CPIMH. Elle rappelle aussi les efforts constants déployés depuis le lancement de la campagne Sans oui, c’est non!.
La direction de l’Université indique enfin que les évènements des dernières semaines ne l’a pas influencé à avancer la tenue de certaines activités de sensibilisation, mais qu’au contraire, cela donne une plus grande importance à la tenue de ce genre de séances.
Travailler ensemble, non réprimander
Les nouvelles mesures que désire instaurer l’Université peuvent paraitre, pour certains, contraignantes pour les étudiants. Par contre, la direction juge qu’elle se situe plutôt dans une démarche de collaboration avec les différentes organisations étudiantes. Le but n’est pas de les « empêcher de vivre leur jeunesse », souligne le vice-recteur.
« Les mesures qu’on a prises durant les initiations vont se poursuivre pour les autres activités sociales, car on travaille étroitement avec les associations étudiantes pour qu’ils soient bien conscientes des enjeux en matière d’abus d’alcool et de violences à caractère sexuelles », mentionne-t-il.
Ce dernier rappelle qu’une vaste opération de formations a été faite au début de la session auprès des organisateurs d’activités sociales sur le campus pour leur permettre d’être plus vigilants face à certains comportements. Le vice-recteur souligne également que les exécutifs des associations étudiantes sont de plus en plus actifs dans les activités de sensibilisation, autrement dit « ils prennent leurs responsabilités d’exécutants. »
De son côté, la directrice du CPIMH invite les associations étudiantes qui ne sont pas encore impliquées dans les activités de sensibilisation à le faire pour que celles-ci aient une portée encore plus grande au sein de la communauté étudiante. « Il faut comprendre que nous sommes dans une optique de partenariat et non de moralisation en fait, lance-t-elle. Nous ne sommes pas dans l’interdit, mais nous sommes là pour outiller et éduquer les jeunes, tout simplement. »
La direction croit que, si les étudiants prennent davantage conscience des conséquences de certains abus, « ils seront en mesure d’influencer d’autres jeunes à réfléchir davantage avant de poser certains gestes déplacés ».
L’AELIÉS engagée à trouver des solutions
En plus de ses partenariats avec le CPIMH et Sans oui c’est non!, l’Association des étudiantes et étudiants inscrits aux études supérieures (AELIÉS) continue de sensibiliser ses étudiants via ses différents canaux de communication.
De plus, l’Association souligne une problématique importante qui concerne directement les étudiants en recherche : ceux-ci sont à risque si l’on tient compte du fait que le directeur ou la directrice de recherche a généralement beaucoup d’influence et de pouvoir sur le parcours et le futur de l’étudiante ou de l’étudiant..
« L’AELIÉS rédige actuellement un mémoire portant sur l’encadrement aux cycles supérieurs afin de dresser un portrait de la relation d’encadrement directeur/directrice de recherche et étudiant/étudiante à l’Université Laval et ainsi faire des recommandations à l’administration de l’UL », illustre en ce sens Pierre Parent Sirois, le président de l’association.
L’exécutif souligne par le fait même le travail de l’Université Laval, mais dénonce malgré tout un manque d’effectif pour faire un suivi adéquat de tous les cas de harcèlement. Le président de l’association exprime l’idée d’implanter « un guichet unique qui pourrait servir de service de première ligne afin d’orienter les victimes vers les ressources appropriées ». Un concept repris dans le projet de loi 151 de la ministre David qui avait émané des consultations publiques pour prévenir et contrer les violences à caractère sexuel.