Mercredi le 27 mars dernier, dans le cadre de la fête Arc-en-Ciel, avait lieu devant le parvis de l’hôtel de ville de Québec une manifestation de soutien aux communautés lesbiennes, gaies, bisexuelles et transsexuelles de Russie marginalisées depuis la promulgation par le gouvernement de Poutine de lois confrontant les relations sexuelles dites « non traditionnelles ». Rassemblement de soutien, l’organisation de cette manifestation se voulait aussi revendicatrice des droits de la personne.
Initiée par les organisateurs de la Fête Arc-en-ciel de Québec, cette manifestation à laquelle était notamment présente la députée fédérale néo-démocrate dans Louis-Saint-Laurent Alexandrine Latendresse, avait pour but, selon Olivier Poulin, directeur général des festivités, « d’envoyer un message d’espoir aux communautés lesbiennes, gaies, bisexuelles et transsexuelles de Russie par rapport aux nouvelles lois en vigueur en Russie qui pénalisent le droit de ces communautés de vivre librement leur sexualité ».
Pour rappeler les événements ayant eu lieu récemment en Russie, la douma ou chambre législative basse du parlement russe, largement dominée par la formation de Vladimir Poutine, adopte le 11 juin dernier une loi punissant « tout acte de propagande lié aux relations sexuelles non traditionnelles devant les mineurs ». Elle renchérit le 21 juin en promulguant une mesure délégalisant l’adoption d’enfants russes par des couples gais ou lesbiens ou par des personnes célibataires provenant de pays ayant légalisé l’union entre individus de mêmessexe. Il est à noter que cette loi touche 14 pays, incluant le Canada. Ces lois sont d’ailleurs vues comme étant « fascistes » par de nombreux individus interrogés à la manifestation. Le 29 juin, une manifestation visant à dénoncer ces nouvelles législations à St-Petersbourg a provoqué des affrontements entre les partisans des droits homosexuels et une frange de la population résolument homophobe. Il est à noter que durant ces événements, les autorités ont interpellé des dizaines de personnes, principalement des militants en faveur de la cause homosexuelle.
L’adoption de telles lois a aussi eu des échos dans les communautés LGBT à travers le monde, et selon les organisateurs, c’est dans ce contexte que la manifestation a été organisée. De plus, selon eux, la situation semble d’autant plus grave que la Russie est un pays du G8 qui recevra le monde à Sotchi dans quelques mois. Pour Olivier Poulin, les mesures votées par la Douma ne reflètent d’ailleurs par les valeurs olympiques.
Le Canada est un pays qui respecte le droit des homosexuels, ce qui, d’après David Patenaude, étudiant au baccalauréat en service social, ne manquera pas de créer des tensions à Sotchi. Pour Alexandrine Latendresse, la réalité est un peu plus nuancée puisque des députés conservateurs, dont le premier ministre Stephen Harper, se sont opposés à l’adoption du projet de loi c-279 proposé par le député néo-démocrate Randall Garrison. Cette loi, qui modifie la Charte des droits et libertés de la constitution canadienne, assure une protection à tous les individus, quelle que soit leur identité sexuelle, ce qui inclustles transsexuels. Cette loi représente pourtant une avancée notable dans l’avancement de la cause LGBT et permet au Canada d’être à l’avant-plan face à une Russie qui semble selon certains spécialistes s’être relativement réintégrée dans une orthodoxie alimentée par le populisme du régime de Poutine.
La manifestation est d’autant plus symbolique qu’elle avait lieu cinquante ans jour pour jour après le fameux discours où le célèbre militant et meneur de la cause des droits civils aux États-Unis Martin Luther King prononça son célèbre « I have a dream » devant le Lincoln Memorial de Washington DC.