Les futurs enseignants du Québec demeurent déterminés à faire reconnaître leur droit à une rémunération au cours de leurs stages. Une coalition de sept associations étudiantes a lancé une pétition sur le site de l’Assemblée nationale, qui a recueilli près de 8000 signatures jusqu’ici.
Parmi les arguments mentionnés dans le document produit par la Campagne de Revendication et d’Actions interuniversitaires des Étudiant-es en Éducation en Stage (CRAIES), il est indiqué que les étudiants accomplissent les mêmes tâches que les enseignants durant leurs stages. En moyenne, ils ont un rythme de travail de 60.3 heures par semaine, selon des statistiques publiées sur le site Internet de la coalition.
Globalement, le charge de travail représente un minimum de 700 heures en stage au cours d’un baccalauréat en enseignement. Or, cela constitue une problématique pour les étudiants qui, la plupart du temps, ne peuvent se permettre d’occuper un autre emploi durant leurs stages.
La situation financière des étudiants semble devenir précaire rapidement, et ce, même s’ils obtiennent un emploi à la fin de leur parcours. Selon le chargé de projets à la CRAIES, Émile Grenier-Robillard, cette pétition représente une nouvelle étape parmi les nombreux moyens de pression qui ont été lancés par les étudiants en enseignement lors des cinq dernières années. Il espère que la prochaine étape sera une consultation à l’échelle nationale afin de se pencher sur la question des compensations financières.
« Le fait de nous coaliser nous donne les moyens d’avoir plus de moyens de pression pour faire entendre notre message partout à travers le Québec », a pour sa part souligné le co-porte-parole de la CRAIES, Antoine Côté.
Vers de meilleurs environnements
À l’interne, on souhaite ardemment que les futurs enseignants jouissent de conditions financières comparables à celles des autres étudiants. Il en va aussi, selon les associations-membres de la coalition, de la reconnaissance de l’importance des enseignants au Québec.
La CRAIES a également demandé à un fiscaliste d’élaborer une éventuelle ébauche de salaires que les stagiaires devraient recevoir, en prenant en compte tous les aspects de leur travail.
Les représentants de l’association nationale ont mentionné avoir déjà un fort appui de la part de syndicats d’enseignements ainsi que de partis politiques provinciaux qui semblent tous en faveur d’une compensation financière.
Soutien politique aux stagiaires
Le député péquiste et porte-parole de l’opposition officielle, Alexandre Cloutier, était de passage le 25 avril au Pub Universitaire pour réitérer son appui aux étudiants.
M. Cloutier a été mandaté pour porter la pétition devant ses collègues parlementaires de l’Assemblée nationale. Or, malgré cet appui politique, les stagiaires sont encore en attente de gestes concrets de la part du gouvernement Couillard.
« Je pense que, si on veut encourager la nouvelle génération à choisir ce métier, c’est un minimum de leur offrir une rémunération. Je pense qu’on est rendus là au Québec », a ajouté le député de la circonscription Lac-Saint-Jean.
Celui-ci a ensuite annoncé que la problématique serait débattue au cours d’une commission parlementaire qui commencera le 4 mai. Cette dernière sera présidée par la ministre de l’Éducation supérieure, Hélène David.
Malgré qu’il se dit fier de porter le message des étudiants, Alexandre Cloutier leur a rappelé qu’ils ne devront pas s’asseoir sur leurs acquis, mais qu’au contraire, ils devront maintenir la pression pour que l’enjeu devienne prioritaire dans les débats en éducation.
Plus loin encore
L’ancien candidat à la chefferie du Parti québécois a relevé d’autres problématiques dans le milieu de l’éducation : le manque de ressources pour les élèves en difficulté, l’état pitoyable de certaines écoles, le manque de moyens dans les institutions en région, en plus de mettre le blâme sur les coupures répétées en éducation depuis l’arrivée au pouvoir des Libéraux en 2014.
Ces conditions difficiles, selon lui, n’encouragent pas les étudiants à se tourner vers l’enseignement pour en faire leur profession.
« Quand on a décidé d’intégrer les étudiants en difficulté en 1998 dans les classes, on disait aux profs qu’ils auraient le soutien de professionnels. Or, la loi n’a pas été changée depuis et il y a de moins en moins de soutien et d’appui aux professeurs. Le comble, c’est que c’est vous qui avez le moins d’expérience alors qu’on vous donne ce genre de classes dès le départ. »