À l’Université Laval, ils sont près de 1 800 chargés de cours. Certaines facultés sont pratiquement composées à 100 % de ces enseignants à statut précaire, alors que d’autres programmes n’en ont pas. Toujours est-il qu’ils font partie de la communauté universitaire à part entière, soutient Puma Freytag, le président du Syndicat des chargées et chargés de cours de l’Université Laval ( SCCCUL ).
Les chargés de cours sont engagés pour combler les postes laissés libres par les professeurs dans une faculté. « Souvent, ces enseignants ont une expérience sur le terrain, une qualification différente des professeurs permanents. Ils peuvent ainsi partager leur vécu du métier », explique Puma Freytag, lui-même chargé de cours en théâtre. Aussi, le président du syndicat soutient que entre 15 et 18 % des chargés de cours détiennent un doctorat et plus encore ont obtenu leur maîtrise. « Les chargés de cours sont des professeurs totalement compétent. »
En moyenne, les chargés de cours comblent 30 % des classes proposées aux étudiants à l’Université Laval. Malgré leur
nombre élevé, Nicole Blouin, vice-présidente aux communications du SCCCUL, déplore le manque de reconnaissance
de la part de certains étudiants et membres de la direction. « Nous ne sommes pas des enseignants de deuxième
ordre, soutient Nicole Blouin. Chaque personne engagée doit passer par une période d’essai évaluée sur trois sessions. Il y a une sélection et un contrôle serré. »
Une communauté à tisser serrée
Le SCCCUL fait partie du Regroupement des associations et des syndicats de l’Université Laval ( RASUL ). Pour le syndicat, il est extrêmement important que tous les acteurs du campus dialoguent. « Avec le RASUL, on s’assure d’une mcertaine cohésion entre les instances décisionnelles, explique Puma Freytag. L’Université Laval est un tout; les élèves, les enseignants, le personnel de soutien, les administrateurs, tous ont une place. » Le président syndical ajoute avec flamme que l’Université « doit rester un haut lieu de transmission de connaissance. Voilà la mission d’une université et il ne faut surtout pas l’oublier » dit-il en faisant référence aux hausses des frais de scolarité proposées par le gouvernement provincial.
Négociations en janvier
Puma Freytag s’explique mal le peu d’appui qu’ont offert les étudiants de l’Université de Montréal lors de la grève des
chargées et chargés de cours au printemps dernier. « Nous avons trouvé cela très dur pour nos collègues de les voir
délaissés par leurs étudiants.Déjà que l’administration adoptait une attitude méprisante envers ses employés, la réaction des étudiants a été décevante. » Malgré tout, le syndicat se veut rassurant : il ne devrait pas y avoir de grève lorsque les négociations pour la convention collective des chargées et chargés de cours commencera en janvier.. « Nous espérons nous mettre à table avec le recteur avec une attitude d’ouverture. Oui, nous allons défendre nos conditions de travail, mais nous
ne voulons pas la confrontation », assure Puma Freytag.
Le représentant des chargés de cours de Laval dénonce notamment l’augmentation du nombre d’étudiants par classe
pour des raisons économiques et non pédagogiques. Le syndicat souhaite aussi limiter le nombre de cours que peuvent
donner les enseignants à statut précaire par session. « Donner cinq cours, c’est de la folie. Il n’est pas rare de voir de nos
collègues faire de l’épuisement professionnel lorsqu’ils ont une charge de travail importante.
Par respect pour eux et pour leur famille, l’administration doit mettre des limites. » Le comité syndical négociera les conditions de travail pour les cours à distance, une option que privilégie de plus en plus l’Université Laval. Autre irritant majeur pour eux : le déficit de confiance de l’administration par rapport aux dépenses. « Nous avons un certain budget accordé pour nos dépenses reliées à nos cours. Or, l’administration effectue une surveillance tellement tatillonne qu’on doit justifier toutes nos
dépenses à l’extrême. Il y a une mauvaise utilisation du temps et du personnel », dénonce Puma Freytag