Nouvelle garde aux É.-U. : un impact sur les universités canadiennes?

Plusieurs experts du milieu de l’éducation, de l’enseignement et de la recherche avaient remarqué une baisse des inscriptions des étudiants internationaux dans les universités américaines sous l’administration Trump, au profit d’autres pays comme le Canada. Avec l’entrée en poste officielle du nouveau président américain Joe Biden et de sa vice-présidente, Kamala Harris, les universités canadiennes, dont celles situées au Québec, doivent-elles s’attendre à une recrudescence d’admissions de la part des étudiants étrangers pour les établissements américains? Impact Campus s’est penché sur la question.

C’est bien connu, plusieurs universités américaines ont une solide réputation et se retrouvent la plupart du temps parmi les meilleures à travers la planète. Il n’est donc pas étonnant que selon le Washington Post, en 2017, il y avait trois fois plus d’étudiants internationaux formés aux États-Unis que d’étudiants américains suivant une formation à l’étranger. Anne O. Krueger, professeure d’économie internationale et directrice de recherche à l’Université Johns Hopkins, affirmait dans sa lettre « Étudiants : Trump et l’exode des cerveaux » parue dans La Presse+ le 1er février 2017, que le nombre d’étudiants internationaux admis avait baissé de 3% en 2016 et de 6,6% en 2017. Pas alarmant à première vue, mais lorsque nous prenons en considération qu’ils paient des frais de scolarité beaucoup plus élevés que les étudiants américains, les chiffres ont de quoi s’intéresser à la chose. Mme Krueger donnait alors comme piste de réponse à ce phénomène plutôt rare ceci :

« Depuis l’investiture de Trump, il est devenu plus difficile d’obtenir un visa étudiant, et les étrangers déjà inscrits dans les universités américaines ont pu légitimement craindre de ne plus pouvoir se rendre dans leur pays d’origine ni en revenir. »

Un « effet Trump » au Québec et ailleurs au Canada

L’Université de Montréal (l’UdeM) avait confirmé dans un article de La Presse en 2017 qu’il y avait bel et bien un « effet Trump » sur les demandes d’admission provenant d’étudiants étrangers, notamment des Américains et Américaines désireux de s’établir au Canada pour y étudier. Une porte-parole de l’établissement affirmait que certains étudiants étrangers trouvaient au Québec ce qu’il n’y avait plus aux États-Unis :

« Il y a une hausse des demandes d’admission en provenance de pays qui sont sur la liste des décrets de l’administration Trump, ou même qui ne le sont pas, comme l’Inde, ajoute M. Shepard. C’est comme s’ils percevaient le message qu’ils ne seraient pas les bienvenus aux États-Unis. […] L’écho qu’on a, c’est que les étudiants recherchent une expérience universitaire nord-américaine dans le contexte d’une ville sécuritaire et accueillante, et c’est ce qu’on offre à Montréal », expliquait la porte-parole en entrevue avec La Presse.

L’Université Laval faisait statut d’une hausse de 17% d’inscriptions provenant d’étudiants américains en 2017, selon un article paru par TVA Nouvelles.

Des bons avaient également été remarqués à l’Université McGill, l’Université Concordia et l’Université de Toronto, bien que la corrélation entre l’administration Trump et cette hausse était plus ou moins claire.

Des règles du jeu appelées à changer sous l’administration Biden-Harris

L’ère Trump a été marquée par une incertitude chez une majorité d’étudiants internationaux craignant la révocation de leurs visas selon les soubresauts de l’ex-président américain, très peu enclin à l’immigration. Un étudiant de la Georgia State University partageait récemment en entrevue avec VOA Afrique, un média africain, qu’il espérait beaucoup en l’administration de Joe Biden et de Kamala Harris pour stabiliser les choses :

« Je crois que les étudiants internationaux se sentiraient plus en sécurité aux États-Unis tout en poursuivant leurs études. Surtout pendant la crise de la COVID, lorsque la plupart des programmes sont passés en ligne », expliquait-il à VOA Afrique.

Un autre étudiant, cette fois dans une université de New York, fonde des espoirs plus modérés sur de réels changements sous la présidence de Joe Biden, selon ses dires à VOA Afrique :

« Je pense honnêtement que Biden sera plus modéré, mais ne changera pas radicalement le système des visas. Ainsi, son administration sera moins xénophobe, mais ne changera pas radicalement les visas pour être en faveur des étudiants internationaux ici », précisait-il au média africain.

Stuart Anderson, un influent américain, directeur de la National Foundation for Americain Policy (NFAP), résumait bien au site Forbes l’état d’esprit que devrait avoir Joe Biden face aux étudiants étrangers :

« Si l’équipe Biden est intelligente, elle rompra complètement avec l’ère Trump en annulant tous les règlements et toutes les décisions sur l’immigration qui ne sont pas directement liés aux problèmes de santé dus à la pandémie de COVID-19. »

Il est peut-être difficile et imprudent d’avancer que sous la présidence de Donald Trump, les universités canadiennes ont profité de ses politiques controversées face aux étrangers pour faire le plein d’étudiants internationaux aux dépens des États-Unis. Toutefois, il sera intéressant au cours des prochains mois, prochaines années, de surveiller le taux d’inscriptions dans les universités américaines provenant de personnes vivant dans d’autres pays que le leur et si un impact se fera sentir sur les institutions d’enseignement supérieur au Canada.

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