Avec l’entrée en grève de nombreuses associations étudiantes et la tenue de manifestations la semaine dernière, un nouveau mouvement étudiant se met en branle. Entrevue avec Camille Godbout, porte-parole de l’Association pour une solidarité syndicale étudiante (ASSÉ) sur les enjeux de cette mobilisation étudiante.
Pascal Lévesque
Selon la porte-parole de l’ASSÉ, le mouvement étudiant de 2015 est le résultat de plusieurs mois de mobilisation qui ont forcé la grève, le gouvernement ayant fait la sourde oreille face aux revendications étudiantes. Concernant l’éducation, Camille Godbout n’hésite pas à rappeler que le gouvernement a fait des compressions budgétaires qui s’élèvent jusqu’à 300 millions de dollars : « Rien qu’à l’Université Laval, 42 millions de dollars ont été coupés, et c’est les chargés de cours qui seront réduits ainsi que les programmes universitaires qui en payent le prix ».
Pour la porte-parole de l’ASSÉ, il y a d’autres solutions que les politiques de compressions budgétaires proposées par le gouvernement Couillard : « Il y a différentes solutions fiscales à l’austérité pour éviter que les moins nantis et la classe moyenne ne payent trop. […] Nous croyons qu’il devrait y avoir plus de paliers d’imposition. Rétablir au moins 10 paliers d’imposition ferait que les gens paieraient de façon plus juste et que les plus pauvres et la classe moyenne auraient un plus petit fardeau fiscal. » L’ASSÉ croit donc qu’il faudrait taxer davantage les banques et les grandes entreprises privées et répartir plus équitablement l’imposition.
Les revendications de l’ASSÉ ne se limitent pas seulement aux questions budgétaires, mais ciblent aussi l’environnement : « Nous dénonçons l’exploitation pétrolière encouragée par le gouvernement vis-à-vis son soutien au projet d’oléoduc transcanadien ». Bien que ce projet relève du domaine fédéral, Camille Godbout pense que le gouvernement Couillard soutient cette exploitation pétrolière et ne s’inquiète pas assez de l’écologie : « Le gouvernement avec son Plan Nord surexploite nos ressources naturelles ; et même si des projets comme la mine Arnaud créeront plus de 300 emplois, ils affecteront notamment la qualité de l’air et de l’eau. En plus, pendant ce temps-là, des centres locaux de développement vont fermer ».
La porte-parole s’inquiète des répercussions à long terme de ces politiques. « Les politiques d’austérité vont laisser une dette sociale et écologique immense. »
Et face à ceux qui s’inquiètent de l’État de la dette publique québécoise ? « Il s’agit d’un monstre imaginaire pour créer de la peur. Le gouvernement veut démanteler l’État social. Le ratio entre la dette et le produit intérieur brut du Québec a peu changé depuis 2000. Il n’est que 0,7 % du PIB. »
Elle affirme que le mouvement de grève étudiante permettra de conscientiser les citoyens à la nécessité d’avoir un vrai débat public sur les politiques d’austérité du gouvernement Couillard.
Au regard des moyens entamés par la Fondation 1625 qui cherche à contrer la grève étudiante, la jugeant illégale, la réponse de Camille Godbout est claire : « L’ASSÉ a un comité légal et droit de grève étudiante reconnu par convention. Rien ne vient prouver que le droit de grève étudiant soit illégal au Québec. »