Alors que la ville de Montréal a annoncé, mardi dernier, une bonification du montant venant en aide à un projet de logements étudiants au centre-ville, la situation à Québec ne semble pas avoir fait de gain majeur. Vendredi dernier, Laurent Levesque, coordonnateur de l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE), était présent sur le campus pour répondre aux questions des différentes associations étudiantes au sujet des logements étudiants.
Né d’une initiative étudiante, l’UTILE est aujourd’hui la référence en matière de logement étudiant. «Le bras immobilier du mouvement étudiant», décrit Laurent Levesque, diplômé en urbanisme de l’UQAM.
«On a mis sur pied ce projet-là avec la mission de promouvoir, étudier et développer le logement étudiant abordable et coopératif au Québec», explique le coordonnateur. L’organisme à but non lucratif en fait donc aujourd’hui la promotion à travers le Québec en soulignant d’abord les bénéfices dont l’accessibilité aux études, le développement urbain durable et l’équité interrégionale.
Des projets à Québec ?
Questionné sur la possibilité de voir un projet de logement étudiant se concrétiser à Québec dans un avenir rapproché, Laurent Levesque a rappelé que l’UTILE ne jouait pas le rôle de revendicateur, mais plutôt celui d’accompagnateur.
Il mentionne qu’il n’a jamais eu de conversation avec la ville de Québec. Toutefois, le coordonnateur révèle qu’ils sont «intervenus beaucoup à Montréal politiquement avant que la ville ne mette un sou.»
Du côté de la CADEUL, on souligne que l’enjeu demeure prioritaire. «Le logement étudiant figure, en effet, au plan directeur de cette année. Nous visons à développer notre argumentaire sur la question à ce titre, L’UTILE est un partenaire important de la CADEUL depuis bientôt 5 ans et leur aide est essentielle. Nous avons , aussi, le mandat de travailler à implanter un projet de logement étudiant abordable dans la Ville de Québec», révèle Mathieu Montégiani, président de l’association étudiante.
Logement étudiant : la situation unique du Québec
Publié en 2017, le sondage Prospection des habitudes et aspirations résidentielles étudiantes (PHARE) réalisé par UTILE et ses différents partenaires, dont la CADEUL, a démontré un portrait particulier pour la province de Québec. Lors de notre entretien, Laurent Levesque a rappelé quelques faits saillants.
Par exemple, très peu de gens vivent dans les résidences étudiantes, on parle d’environ 10 % partout dans la province, explique le coordonnateur d’UTILE. «C’est important de rappeler que c’est quand même une particularité québécoise», souligne-t-il en mentionnant qu’ailleurs, comme aux États-Unis, ce taux atteint les 50-60%.
«On attribue ça à un désengagement des gouvernements sur la question du logement étudiant», lance Laurent Levesque.
De plus, le 2/3 des étudiant(e)s vivent en colocation et 60 % d’entre eux vivent dans des logements standards. Aussi, il est important de souligner que la situation à Québec est différente de celle de Montréal alors que la majorité de la population étudiante d’ici se concentre à Sainte-Foy/Sillery/Cap-Rouge et que celle de Montréal est très décentralisée à travers le centre-ville.
Le Projet « La Note des bois »
L’UTILE travaille depuis quelques années, en partenariat avec l’Université Concordia, à la réalisation d’un immeuble de 90 logements au cœur du Plateau-Mont-Royal. C’est un peu le projet pilote de l’organisation, explique Laurent Levesque.
Cet immeuble, qui inclut des studios, des 4 ½, 5 ½ et 6 1/2, est financé à 10 % par l’association étudiante de Concordia et le 90 % restant provient de partenaires de l’économie sociale ainsi que différents paliers de gouvernement. Alors que le projet est ouvert à tous les étudiant(e)s de l’Université montréalaise, il comporte aussi une politique pour favoriser plusieurs axes de parité dans l’immeuble. L’objectif est donc d’avoir «un milieu de vie varié et dynamique», explique le coordonnateur d’UTILE.
Avec les connaissances acquises au cours des dernières années, l’UTILE estime qu’un projet de logement étudiant pourrait se réaliser dans un délai de 3 à 4 ans maximum à partir du moment où il est approuvé par une association étudiante.