Des dizaines de personnes se sont regroupées devant le Parlement de Québec le 15 février dernier pour une manifestation nationale contre la culture du viol. Sous une température glaciale, plusieurs femmes ont témoigné des réalités actuelles concernant les agressions sexuelles.
Cent ans après l’obtention du droit de vote des femmes au Canada, le combat continue, selon le comité organisateur. L’égalité hommes-femmes n’est pas encore atteinte, rappelle-t-on, notamment concernant les cas de violences sexuelles. Cette raison pousse d’ailleurs le groupe Québec contre les violences sexuelles à insister sur l’importance de faire des manifestations contre les agressions sexuelles, et ce, tout au long de l’année.
Femmes, hommes et enfants étaient présents durant la manifestation d’un peu plus d’une heure. L’une des citoyennes sur place, Denise Carrier, trouve merveilleux que des hommes soient présents pendant ce type de rassemblement, même si, selon elle, il n’y en a toujours pas assez.
La cofondatrice du mouvement Québec contre les violences sexuelles, Mélanie Lemay, précise avec entrain que ce type de manifestations est essentiel, « parce que c’est la prochaine lutte vers l’égalité ».
Les organisatrices tentent, par différents mouvements et manifestations à travers la province de Québec, de « déconstruire l’étiquette qui vient avec le fait d’être victime ». Mélanie Lemay insiste sur le fait que le comité se bat contre une certaine perception sociale. « On essaie d’enlever le victime shaming qui amène les gens à discréditer tout ce que les personnes disent quand elles décident de nommer une violence qu’elles ont vécue, poursuit-elle. C’est vraiment dans cette idée qu’on veut faire avancer la justice à ce niveau-là. »
Travail d’éducation
L’éducation face aux violences sexuelles doit se faire auprès de tous, selon l’organisatrice, même dès le plus jeune âge. « Ce n’est pas rendu adulte qu’on doit faire l’éducation sexuelle, c’est dès l’enfance. C’est pour ça qu’on interpelle le gouvernement à continuer leur consultation publique avec la ministre responsable de l’Enseignement supérieur, Hélène David », insiste-t-elle.
L’un des enjeux auxquels tient particulièrement la Sherbrookoise est de « conscientiser les témoins ». Elle explique qu’il existe un nombre important de personnes qui voient certains gestes, mais qui restent silencieuses. Elle soutient également que les témoins ne doivent pas avoir peur de dénoncer, que ce soit auprès des autorités, mais également auprès des ressources existantes pour venir en aide aux victimes.
De son côté, Denise Carrier estime qu’il existe « un problème au niveau de savoir comprendre ce qu’est le consentement ». Elle dénote enfin que le système judiciaire actuel doit être amélioré dans les plus brefs délais.
Une réponse positive du gouvernement
En raison des événements de l’automne dernier au sein même du campus de l’Université Laval, de nombreux débats ont eu lieu à l’égard des violences sexuelles. Le cas d’Alice Paquet et Gerry Sklavounos a été médiatisé et relayé pendant de nombreuses semaines. À l’issue des résultats en cour, le premier ministre du Québec, Phillipe Couillard, a refusé que le député réintègre le caucus libéral.
« On tient à le féliciter. Le premier ministre a lancé le bon message à la population. Le message comme quoi la vie des victimes qu’il aurait pu atteindre vaut plus cher que la carrière d’un seul homme », note Mélanie Lemay.
Québec contre les violences sexuelles travaille et pousse le gouvernement à adopter une politique contre les violences sexuelles qui soit claire. Concrètement, le comité demande à ce que les élus reçoivent une formation mixte, féministe et intersectionnelle, pour leur faire réaliser quels sont les enjeux du féminisme.
Mélanie Lemay considère d’ailleurs que les récents événements au sein de la province de Québec, en termes de violences sexuelles, ont permis une prise de conscience collective pour beaucoup de gens.