C’est officiel : le centriste Emmanuel Macron a remporté l’élection présidentielle française dimanche soir. À l’issue d’une campagne pour le moins tendue, l’ancien ministre de l’Économie s’est imposé avec 66,10 % des voix. Une victoire nette qui cache pourtant un résultat plus nuancé. Explications.
À Paris, par Henri Ouellette-Vézina et Amaury Paul
20h, carrousel du musée du Louvre, Paris. Les milliers de sympathisants exultent à l’annonce des résultats sur l’écran géant. Emmanuel Macron, seulement âgé de 39 ans et jamais élu auparavant, devient le plus jeune président de la république française.
Il réalise ainsi le deuxième score le plus important en pourcentages après Jacques Chirac en 2002, et a d’ores et déjà marqué l’histoire par son ascension fulgurante. Toutefois, l’abstention (12 M pour 25,44 %), les votes blancs et les votes nuls (au total 4M pour 8,5 %) ont terni l’image du résultat.
Dans le détail, Emmanuel Macron a obtenu quelque 20,7 M de voix, mais seulement 43, 6 % des électeurs inscrits.
En début de discours, le nouveau président s’est directement adressé à ceux qui ont voté pour lui afin de faire barrage à l’extrême-droite : « Je sais qu’il ne s’agit pas là d’un blanc-seing. Je sais nos désaccords, je les respecterai mais je resterai fidèle à cet engagement pris : je protégerai la République. »
Il a ensuite affirmé qu’il « fera tout » afin qu’il n’y ait plus « aucune raison de voter pour les extrêmes » en France, visant ainsi directement son adversaire.
Un décorum royal
La symbolique dans son arrivée semblait savamment orchestrée. Sur fond de « Ode à la joie » de Beethoven, l’hymne européen, Emmanuel Macron a parcouru les dalles de la cour du Palais du Louvre avec une allure quasi-royale, là où les rois de France résidaient avant le château de Versailles.
D’un ton enflammé rappelant ses meetings de campagne, Emmanuel Macron a lancé à la foule que ce lieu « est parcouru par notre histoire, de l’ancien régime à la libération de Paris, de la révolution française à l’audace de cette pyramide ».
En appelant « élus, associations, dirigeants, syndicats, salariés, commerçants » et même « les étudiants » français à se mobiliser avec lui, M. Macron a martelé que la « tâche est immense ». La volonté du peuple conduira un avenir où la France ne cédera pas à la peur ou à la division, a-t-il ensuite ajouté, ni « à l’ironie ou à l’amour du déclin et de la défaite. »
Regards vers les législatives
La présidente du Front national a recueilli le score le plus important de l’histoire de son parti avec 10,6 M de votes (33,9 % des voix). Elle s’est adressée rapidement à ses militants en début de soirée dans un court discours. « Les Français ont choisi un nouveau président de la république, et ont voté pour la continuité », a-t-elle lancé.
Mme Le Pen vise désormais à « engager une transformation profonde » de son mouvement, avec en tête l’intention d’élire le plus de députés possibles aux élections législatives du mois prochain, qui se tiendront les 11 et 18 juin.
« Le premier tour a entériné une décomposition majeure de la vie politique française par l’élimination des partis anciens, croit-elle. Ce second tour organise une recomposition politique autour du clivage entre patriotes et mondialistes. C’est ce grand choix qui par circonscription sera soumis aux Français lors des législatives. Je serai à la tête de ce combat. »
Ces législatives françaises seront également des plus essentielles pour le nouveau président. Sans majorité parlementaire, Emmanuel Macron ne pourra pas gouverner à sa guise et sera surtout contraint de nommer un premier ministre issu du parti vainqueur de ce scrutin.
« Cette tâche imposera de construire dès demain une majorité claire, forte, une majorité de changement », a expliqué le président élu sous les applaudissements du parterre. C’est ce à quoi nos vies aspirent, et c’est ce qu’elles méritent. Pour cela, j’aurai encore et encore besoin de vous. »
À l’international : ce qu’ils ont dit
« Je suis impatient de travailler de près avec le président désigné Macron au cours des prochaines années, alors que nous nous efforçons de mettre en œuvre un agenda progressiste afin de promouvoir la sécurité internationale, de rehausser la collaboration en matière de science et de technologie, et de créer de bons emplois pour la classe moyenne des deux côtés de l’Atlantique. » – Justin Trudeau, premier ministre du Canada.
« Nous ouvrons un nouveau chapitre de cette relation directe et privilégiée qui lie le Québec et la France depuis tant d’années. Ensemble, nous devrons agir afin de promouvoir l’ouverture de nos marchés dans le contexte d’une économie en changement, assurer la sécurité de nos peuples tout en poursuivant ce partenariat historique et unique qui caractérise notre histoire commune. »-Philippe Couillard, premier ministre du Québec.
« Félicitations à Emmanuel Macron pour sa grande victoire aujourd’hui à titre de prochain président de la France. J’ai très hâte de travailler avec lui. » -Donald Trump, président des États-Unis, sur son compte Twitter.
« Vive La France! Vive L’Europe! Signal fort pour nos valeurs communes et Le Franco-Allemand! Félicitations à Emmanuel Macron! Bonne présidence! » – Angela Merkel, chancelière allemande.