Avec la fin de la session imminente, certains étudiants se tourneront peut-être vers des psychostimulants pour augmenter leurs performances scolaires. C’est ce qu’un récent reportage réalisé par l’équipe de J.E. a montré, alors qu’ils ont été nombreux à admettre qu’ils consomment des médicaments à des fins de productivité, plutôt que ce pourquoi ils sont conçus, c’est-à-dire pour le traitement des troubles de déficit de l’attention.
L’augmentation du niveau de concentration pour étudier, l’accroissement de leurs capacités cognitives et l’évitement des symptômes de fatigue font partie des effets recherchés par les étudiants, surtout en fin de session ou en période d’examens. Ces médicaments que l’on qualifie aussi de drogues de performance sont en fait des substances psychostimulantes dérivées de l’amphétamine. Habituellement, comme le Ritalin, ou le Concerta notamment, ils sont utilisés pour diminuer les troubles déficitaires de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).
Cette problématique fait l’objet d’une forte médiatisation depuis une dizaine d’années Claude Rouillard, expert en toxicomanie du Département de psychiatrie et de neurosciences de l’Université Laval, affirme que ce problème existe depuis longtemps, mais que son ampleur actuelle demeure à ce jour inconnue. Le pourcentage d’étudiants aux prises avec une telle consommation varierait selon le programme d’études, et l’université.
Trop de pression sur les étudiants ?
Il juge que la problématique s’étend à une échelle sociale, le souci de performance étant fortement valorisé au sein de la société. Sans pour autant que la pression qui pèse sur les épaules des étudiants soit plus forte qu’auparavant, c’est l’instantanéité qui prime désormais dans la recherche de solutions efficaces. « On est maintenant tellement habitués à ce que tout aille vite, alors dès qu’on a un problème, il faut trouver une solution rapide. Il y a des solutions qu’on voit comme étant faciles et on a tendance à les adopter, mais ce ne sont pas toujours des solutions gagnantes », s’est désolé M. Rouillard.
Contrer le problème
En guise de mise en garde, l’expert en toxicomanie a jugé bon de rappeler que cette forme de dopage peut à son tour causer une panoplie d’effets secondaires comme l’excitation, les médicaments étant conçus pour aider ceux qui ont un TDAH. « On n’est pas certains que ça fonctionne, chez ceux qui en prennent pour accroître leur concentration ou leur mémoire, parce qu’il faut contrôler la dose, qui doit être assez forte pour modifier les performances scolaires, mais pas trop non plus, pour ne pas leur nuire », a-t-il prescrit.
Il faut aussi voir la partie qu’occupe l’effet placebo quant aux effets positifs, la preuve n’ayant pas été faite que les performances scolaires des étudiants bénéficient réellement de cette prise de médicaments. « Il y a beaucoup de paramètres à respecter, a précisé M. Rouillard. Par exemple, à quel moment doit-on le prendre ? Si on le prend au moment où l’on étudie et qu’on passe la nuit éveillé, est-ce qu’on va mieux réussir à l’examen si on est fatigué ? »
Selon lui, une bonne alimentation, un sommeil de qualité et un bon niveau d’exercice physique seraient de meilleures bases à jeter pour obtenir des résultats similaires à ceux obtenus par la prise de psychostimulants, les consommateurs étant susceptibles de développer une tolérance, voire une dépendance à ces derniers. Le médicament devient alors une possible nécessité pour l’étudiant, qui vient à penser qu’il en a besoin pour optimiser sa performance.
De son côté, Andrée-Anne Stewart, porte-parole de l’Université Laval affirme que l’institution mise, dans ce dossier, sur une stratégie préventive et de sensibilisation. Elle ajoute que « tous les étudiants et les étudiantes qui souhaitent obtenir de l’aide peuvent le faire en communiquant avec le Centre d’aide aux étudiantes ou le Service de sécurité et de prévention de l’Université Laval où des ressources pourront les prendre en charge ou les orienter vers des ressources spécialisées selon le besoin ».