Solution étudiante nationale pour un scrutin équitable (SENSÉ) a été fondé lors de la dernière session à l’Université Laval. Militant pour une réforme du mode de scrutin, le mouvement a maintenant rallié la CADEUL et ses membres à sa cause.
SENSÉ n’a qu’un mandat : promouvoir le modèle proportionnel mixte compensatoire à redistribution régionale, indique Julien Boudreau, porte-parole du mouvement et étudiant en économique à l’UL.
Le porte-parole estime qu’un tel modèle pourrait diminuer le cynisme politique qui existe actuellement chez la communauté étudiante. « Le système actuel a tendance à surreprésenter les groupes majoritaires et sous représenter, par le fait même, les groupes minoritaires. Ce n’est pas à l’avantage de la communauté étudiante. »
Proportionnelle mixte compensatoire à redistribution régionale
Le mode de scrutin québécois, uninominal à un tour, est assez simple. On vote pour un ou une député(e), celui ou celle qui en compte le plus grand nombre l’emporte. Ainsi, comme le mentionne Julien Boudreau, tous les autres votes sont écartés. « Ça occasionne d’importantes distorsions au niveau représentatif. Un des exemples les plus marquants, en 1999, le parti qui était au pouvoir n’était même pas celui qui avait le plus de votes », rappelle-t-il.
« Avec 40 % des votes, contrôler l’Assemblée nationale est quelque chose qui, selon nous, est assez problématique », mentionne le porte-parole.
SENSÉ propose de combiner deux systèmes. D’abord, une partie du système actuel doit demeurer, explique l’étudiant en économique. Des députés seront donc élus dans plusieurs circonscriptions, permettant à ces derniers de mieux défendre les intérêts de leur région. Toutefois, le mode de scrutin proposé par SENSÉ permettra la mise en place d’une seconde liste de députés afin d’assurer la représentation de chaque voix.
« Si un parti n’a élu aucun député de circonscription, mais qu’il a remporté quand même 5 % des votes, bien cette deuxième liste va aller chercher un certain nombre de députés pour réduire l’écart », clarifie-t-il. Cette liste pourrait prendre plusieurs modalités, ajoute M. Boudreau. Elle pourrait être ouverte, fermée, compenser pour avoir une parité hommes-femmes à l’Assemblée, « c’est matière à discussion », dit-il.
En ce qui trait à la redistribution régionale, l’objectif est d’éviter que les régions les plus populeuses soient surreprésentées. « On veut des unités administratives qui regroupent plusieurs régions qui ont leur propre liste de députés compensatoires », mentionne l’étudiant de l’UL.
D’après le porte-parole, SENSÉ propose donc un système qui prend en compte chaque vote et où le vote stratégique n’est pas la meilleure façon d’être représenté.
Un important support étudiant
Pouvant maintenant compter sur le support d’une vingtaine d’associations étudiantes sur le campus, ainsi que des quelques dizaines de milliers de membres de la CADEUL, l’organisation cherche à sortir de l’UL. « On veut que ça soit quelque chose de national, d’étudiant. Sans restriction régionale », explique le porte-parole.
« Avoir l’opportunité de travailler avec des associations qui peuvent paraitre éloignées sur certains plans, et qu’elles puissent travailler ensemble sur ce type de question là, rend la solution intéressante », souligne Julien Boudreau.
Du côté de la CADEUL, Samuel Rouette-Fiset estime que la décision prise en caucus d’appuyer le mouvement SENSÉ est très positive. « Ça nous donne l’occasion de nous pencher un peu plus sur les avantages qu’aurait une telle réforme du mode de scrutin sur la représentation étudiante », indique-t-il.
Le président de la CADEUL rappelle que l’association des étudiants et étudiantes de premier cycle avait déjà une position en faveur d’une réforme du mode de scrutin, depuis 2015. « On sentait que ça intéressait une bonne partie de la population étudiante, une bonne partie de nos membres au caucus », mentionne-t-il à propos du mouvement SENSÉ.
Le mouvement SENSÉ vise maintenant la communauté étudiante montréalaise. « On pensait organiser un rassemblement à Montréal », dit-il en espérant que les Montréalais(es) se joignent à la cause. Pour passer à la prochaine étape, le mouvement doit s’étendre à travers le Québec, estime Julien Boudreau.
Atteindre les objectifs
L’important pour le mouvement SENSÉ, c’est que le gouvernement ressente que la communauté étudiante est favorable à une réforme du mode de scrutin et « qu’elle est prête à se mobiliser pour ce type d’enjeu là », souligne l’étudiant en économique.
Sans révéler les actions que le mouvement pourrait entreprendre pour atteindre ses objectifs, le porte-parole mentionne que certains moyens de pression sont envisageables pour permettre un battage médiatique sur la question. « On veut que les gens en parlent. D’en parler, ça fait avancer le dossier. »
De plus, à l’exception du Parti libéral, tous les autres partis de l’Assemblée nationale ont promis une réforme du mode de scrutin dès leur arrivée au pouvoir. Julien Boudreau relève qu’il sera aussi du rôle de SENSÉ de s’assurer que cette promesse soit respectée.
Le mouvement compte organiser quelques conférences pour informer et conscientiser la population sur le modèle proportionnel mixte compensatoire à redistribution régionale. « Notre mission est aussi d’informer », assure le porte-parole, Julien Boudreau.