Au moment où la période d’inscription pour l’année 2016-2017 est lancée, les cinq boursiers du programme des stages de la Fondation Jean-Charles Bonenfant sont actuellement plongés dans l’univers de la vie parlementaire. Trois d’entre eux poursuivent ou ont complété des études à l’Université Laval. Impact Campus a rencontré Joëlle Boucher-Kirouac, Sophie J. Barma et Katéri Lalancette.
Les trois jeunes femmes reconnaissent d’emblée qu’au-delà de leur carte d’accès à l’Assemblée nationale, elles ont surtout un accès privilégié aux députés. « Que ce soit des rencontres avec des lobbyistes ou des dîners lors desquels des sujets privés sont abordés, [le député dit ] : “C’est ma stagiaire, elle vient avec moi!” », partage Katéri, tout sourire. Le stage, d’une durée de 10 mois, comporte deux jumelages en alternance : l’un avec un député du gouvernement et un autre avec un membre de l’opposition.
Et les députés ne sont pas choisis ou attribués au hasard. Les rôles sont inversés le temps d’une entrevue alors que le choix du jumelage revient au stagiaire qui doit retenir deux candidatures. « Le processus est quand même un peu drôle », raconte Sophie. Durant cet entretien, les députés sont appelés à répondre aux interrogations des stagiaires afin de leur permettre de faire le choix le plus conforme à leurs ambitions.
Les boursières alternent le travail sur la colline parlementaire et dans les circonscriptions… Ce qui les amène à aborder les enjeux locaux. Sophie, dont le député représente la circonscription d’Abitibi-Est, a travaillé à Val-d’Or en plein dans la tourmente entourant la situation des femmes autochtones. « C’était un dossier intéressant », admet-elle simplement.
Or, le stage ne se limite pas au jumelage. Chaque année, les boursiers doivent rédiger un essai en lien avec le parlementarisme. « Toute l’administration de l’Assemblée nationale est ouverte pour nous aider », souligne Sophie. Chaque stagiaire travaille d’ailleurs avec un employé de la bibliothèque pour appuyer sa recherche.
La découverte de nouveaux horizons est aussi au programme. Les boursiers visiteront un parlement étranger de leur choix lors d’une mission exploratoire. Cette année, ils s’envoleront pour l’Allemagne et la Belgique, où ils visiteront les parlements de Munich, Berlin et Bruxelles. « On va voir les trois paliers de gouvernance au niveau européen, mais pour l’Allemagne », commente Joëlle. La mission exploratoire leur permettra de mieux comprendre les multiples niveaux décisionnels européens, à savoir les paliers local, fédéral et supranational.
Une expérience complète
Le programme des stages est loin d’être une expérience à vivre en solo. Bien au contraire, les boursiers sont appelés à travailler en étroite collaboration ainsi qu’à prendre des décisions de façon consensuelle. Sans qu’aucune ne lève le doigt, elle s’entendent pour dire que l’expérience est une affaire d’équipe et que l’accord de ses membres est crucial.
Si le choix n’a pas été unanime pour la destination de la mission exploratoire, les trois stagiaires reconnaissent que ça fait partie de l’apprentissage. « C’est normal. […] On n’a pas tous les mêmes idées et on ne veut pas tous voir les mêmes choses », admet Katéri.
L’expérience « totale » du stage ne se limite pas aux frontières de la colline parlementaire ou de la ville, car elle implique parfois certains sacrifices sur le plan personnel. Oui, la vie de couple et la vie sociale sont à concilier avec la vie de stagiaire, puisque lorsque « ton député » te demande « si tu veux aller en circonscription, c’est oui », acquiescent les stagiaires. Et ce, peu importe ce qui était à l’horaire. « En envoyant ma candidature, je savais que ce serait une année plus difficile », reconnaît Joëlle. Elle dit avoir conclu un « contrat » avec ses proches, alors qu’elle serait appelée à s’absenter souvent tout au long de l’année.
Quelques trucs
Des trucs pour être un bon stagiaire? Joëlle souligne la nécessité de posséder un bon jugement, l’exigence de neutralité et de confidentialité ainsi que l’éthique professionnelle que doivent posséder chaque intéressé à soumettre sa candidature.
Dans tous les cas, les trois jeunes femmes témoignent que le stage demeure accessible, peu importe le degré d’instruction du candidat. Pour être admissibles, les candidats doivent posséder un diplôme d’une université québécoise depuis moins de deux ans, ou être sur le point de l’obtenir.