La CADEUL annonçait au début de février qu’elle cessait la vente de bouteilles d’eau en plastique dans ses concessions alimentaires. Toutefois, l’Université Laval n’a pas suivi l’association étudiante dans cette démarche, une décision qui a été fortement critiquée par Univert Laval.
L’organisation environnementale milite pour le bannissement des bouteilles d’eau en plastique à l’UL depuis plus de neuf ans. Elle a donc rencontré l’administration de l’Université Laval le 15 février dernier pour comprendre les motifs qui retardent à nouveau l’implantation d’une telle mesure à l’ensemble du campus lavallois.
D’abord, la crainte première de l’administration de l’Université Laval en éliminant les bouteilles d’eau, c’est l’augmentation de la vente de boissons sucrées, énoncent deux membres d’Univert Laval Monica Gagnier et Marie-Christine Paré. D’après elles, l’Université se base actuellement sur une étude réalisée en Angleterre qui confirmerait leur crainte.
Toutefois, Monica Gagnier estime qu’il ne faudrait pas surévaluer l’importance de cette étude considérant que les réalités et les modes de vie sont différents. Elle souligne par exemple la quantité importante de fontaines d’eau sur le campus (environ 500 d’après les chiffres fournis par l’Université Laval) et la conscientisation des membres de la communauté lavalloise envers le développement durable.
Au Québec, aucune université ayant banni les bouteilles d’eau en plastique (l’Université de Sherbrooke (2011), l’Université Concordia (2011), l’Université de Montréal (2013), Polytechnique (2013) et l’Université McGill (d’ici mai 2019)) n’a réalisé une étude sur les ventes des boissons sucrées à la suite d’un bannissement.
Du côté d’Univert Laval, on estime que ces études n’étaient pas nécessaires, ce qui expliquerait leur non-réalisation. L’administration partage une vision contraire, estime Monica Gagnier et Marie-Christine Paré, alors que les membres de l’administration qu’elles ont rencontrés, dont Pierre Lemay, adjoint au vice-recteur exécutif, croient plutôt que les résultats de telles études auraient prouvé la tendance.
«Par sa démarche non coercitive, l’Université Laval encourage et aide, depuis plusieurs années, sa communauté à modifier graduellement ses habitudes de consommation et à faire des choix responsables par la mise en place de plusieurs actions, comme le retrait des pailles et des ustensiles à usage uniques. Notre objectif est de poursuivre en ce sens, car nos efforts portent fruit», rétorque la porte-parole de l’Université Laval, Andrée-Anne Stewart.
Pourtant, la situation actuelle ne réconforte en rien les membres d’Univert Laval. «Il [Pierre Lemay] nous a dit qu’il y avait seulement 40 000 bouteilles d’eau par année qui étaient vendues, et que ça n’équivalait à même pas une bouteille d’eau par étudiant. Mais c’est quand même beaucoup», rétorque Monica Gagnier, étudiante en aménagement et environnement forestiers.
Le cas des visiteurs
L’autre crainte pour l’Université Laval concerne les visiteurs. L’administration «a peur que les visiteurs qui viennent ne connaissent pas assez bien les pavillons, donc qu’ils ne sachent pas où sont les points d’eau», relate Marie-Christine Paré, étudiante au Baccalauréat intégré en affaires publiques et relations internationales (BIAPRI).
Les deux militantes dénoncent toutefois cet argument répliquant qu’il est plus facile de trouver un abreuvoir à l’Université Laval qu’un endroit où il est possible d’acheter de l’eau embouteillée, considérant maintenant qu’au pavillon Alphonse-Desjardins, il ne sera plus possible de s’en procurer.
Une rencontre décevante
À la suite de la rencontre avec Pierre Lemay, Monica Gagnier et Marie-Christine Paré se disent frustrées par la «réticence» de l’administration lavalloise. «On sent de la réticence de l’administration de l’Université Laval. En tant qu’étudiant, on travaille fort, depuis 2010», explique l’étudiante du BIAPRI.
Lors d’une rencontre ultérieure, l’adjoint au vice-rectorat exécutif avait demandé à l’organisation environnementale d’obtenir l’appui des étudiants. «On pensait qu’en arrivant avec l’appui des étudiants, ça l’allait vraiment débloquer le dossier. On arrive avec l’appui de la CADEUL et de l’AELIÉS, on a fait ce que vous avez demandé, mais ce n’est pas ça qui va le motiver à avancer le dossier. On est resté un peu bête sur le coup. On est frustrées, parce qu’on a fait ce qu’il nous avait demandé, mais il nous a revirées», dénonce Marie-Christine Paré.
L’Université promet maintenant de discuter avec leurs services alimentaires pour documenter les effets du retrait des bouteilles d’eau et «d’échanger sur le sujet avec les autres exploitants alimentaires au cours des prochains mois», confirme la porte-parole de l’Université Laval.
«On peut se permettre d’attendre une session, mais ça fait 9 ans, on ne va pas attendre encore 2 ans», concède Mme Paré en affirmant qu’Univert Laval continuera de mettre de la pression dans ce dossier.