Les plus récents résultats de l’enquête sur la violence dans les écoles québécoises sont encourageants, du moins lorsqu’on regarde le tableau global. Bien que la violence entre étudiant(e) via les appareils électroniques est en légère hausse, notamment chez les jeunes du primaire, la majorité des indicateurs tendent plutôt à la baisse par rapport aux deux précédentes éditions de la recherche (2013-2015).
« Nous observons une progression marquée de l’usage des appareils technologiques, notamment des cellulaires, par les élèves du primaire et du secondaire, note la professeure et titulaire de la Chaire de recherche sécurité et violence en milieu éducatif de l’Université Laval, Claire Beaumont. Au secondaire, cette progression n’a pas été accompagnée d’une augmentation de déclarations de cyberagression de la part des élèves. Au contraire, la forme d’agression indirecte/électronique a connu une diminution de déclarations par les jeunes au fil des ans », soulignant au passage que les élèves de 4e, de 5e et de 6e années ont mentionné recevoir plus d’insultes et de messages humiliants par texto.
Lancée en 2013, l’enquête regroupe la perception quant au climat scolaire, les comportements à risque observés, de même que la forme et la prévalence des comportements d’agression, de 24 000 élèves du primaire et du secondaire, 3700 parents et 1600 membres du personnel dans 84 établissements de la province. L’étude met ainsi en relation les résultats de 2013, 2015 et 2017.
« De façon générale, le climat scolaire s’est amélioré, les comportements à risques sont moins observés, les comportements d’agression sont moins subis entre élèves, les lieux sont perçus plus sécuritaires dans et autour de l’école. Les changements positifs observés sont survenus surtout entre 2013 et 2015 ou entre 2013 et 2017; presque aucun changement n’a été observé entre 2015 et 2017 », poursuit la chercheuse principale.
Inégalités gommées
En regroupant les données à l’échelle nationale, une bonne part des particularités de certaines écoles se retrouve camouflée dans les résultats globaux. « C’est sur que je me retrouve plus ou moins dans les statistiques », lançait une enseignante d’une école spécialisée en adaptation scolaire présente lors de l’annonce des résultats de l’enquête.
« On éteint juste les feux tellement la violence est élevée. Les chiffres, je les trouve quand même beaux », poursuivait une autre membre du personnel enseignant. Les résultats pour les écoles publiques, privées, ainsi que les programmes spéciaux étant agrégés, le portrait parait beaucoup plus rose que la réalité terrain des acteurs de premières lignes.
« Il y a des jeunes qui aiment beaucoup venir à l’école même s’ils proviennent de milieux plus défavorisés. Certaines écoles défavorisées cotent très haut au niveau du climat », réponds Claire Beaumont, reconnaissant toutefois que « les élèves en difficulté de comportement sont souvent ceux qui ont une perception plus négative de leur climat. »
Aucune différenciation n’y est par ailleurs faite entre les écoles en milieux ruraux et urbains. Le cas du Nord du Québec exemplifie bien cette différence : « On est comme tissé serré. On est un petit village. On a une belle communication. C’est comme une petite famille. Les services sont rapides, il n’y a pas de délais d’attentes », confiait une enseignante.
Moins d’actes, moins de victimes ?
Un chercheur français spécialiste des questions d’intimidation présent dans l’audience soulignait une faiblesse de l’enquête, soit la définition « ligne par ligne » des comportements d’agression, qui ne permet pas d’observer la façon dont ceux-ci se distribuent à l’intérieur d’une même école. En d’autres mots, le fait d’avoir globalement commis moins d’actes de violence peut tout de même vouloir dire une concentration de la violence autour de quelques bouc-émissaires.
Violences ethnoculturelles
L’étude dénote aussi une hausse des violences à caractère ethnoculturel dans les écoles. Il est toutefois trop tôt pour parler d’un phénomène, alors qu’il est difficile d’identifier s’il s’agit réellement d’une hausse des actes haineux entre membres de communautés culturelles, ou d’une plus grande facilité à les identifier et les désigner comme tel.
« Il nous faut compter sur la contribution des adultes, du personnel scolaire, des parents et de la collectivité pour transmettre des valeurs positives et des modèles comportementaux adéquats, pour permettre à l’action collective d’offrir un avenir positif aux jeunes. Leur fournir un climat scolaire positif, où ils se sentent bien et où ils peuvent se développer est déjà une contribution importante », conclut Claire Beaumont.