Au début de la semaine du 17 mars, le nouveau Premier ministre Mark Carney a effectué son voyage officiel en Europe, ne s’étant rendu qu’à Londres et Paris. Il importe de se poser des questions quant aux véritables résultats de ce voyage et si, en ce temps de grande incertitude, il avait pu effectuer son voyage ailleurs qu’en Europe. L’ex-banquier, maintenant premier ministre, à tenter de démontrer son leadership à la communauté internationale et à l’électorat canadien, a-t-il réussi ?
Par Nicolas Drolet, chroniqueur collaborateur
La venue de Mark Carney à Londres et à Paris avait pour objectif de renforcer des liens coopératifs entre les deux pays d’Europe et le Canada. Cependant, Mark Carney a dû finalement faire face à la réalité, car lors de ce voyage, il a admis que le Canada ne pourrait pas répliquer face à une nouvelle surenchère de tarifs de la part de Washington. Il a également admis que l’économie canadienne n’était pas aussi forte qu’il le prétendait il y a à peine quelques mois. Pourtant, Mark Carney, du début à la fin de sa course à la chefferie, avait tenté de projeter envers les membres du Parti libéral du Canada un leadership fort qui ferait face aux États-Unis. Or, qu’en est-il vraiment? De ce voyage en Europe, Mark Carney a finalement admis son faible leadership. Son incroyable CV tant vanté par son équipe et les grands groupes de médias francophones n’a pas fait le poids face à la gravité de la crise tarifaire.
De ce long voyage en Europe, il n’y a pas grand-chose à retirer, à part une allocution et des rencontres chaleureuses avec deux chefs d’État. Aucun engagement formel ou écrit n’a pu être tiré de cette rencontre, à part leur soutien moral dans la défense du Canada de sa souveraineté territoriale, ce qui, en réalité, ne se traduit par rien de substantiel.
On en vient à se poser la question suivante : ce voyage en Europe a-t-il été véritablement utile ? M. Carney a-t-il oublié que sa véritable priorité n’est ni Londres ni Paris, mais Washington? Bien qu’il soit facile d’aller s’assurer du soutien du Royaume-Uni et de la France envers la souveraineté canadienne, n’aurait-il pas mieux été efficace d’aller à Washington pour aller vérifier par lui-même la température des relations avec l’actuel locataire de la Maison-Blanche? Cette seconde option aurait semblé plus compréhensible et plus utile quant à l’incertitude et des menaces de tarifs provenant du Président Trump. Une telle visite aurait permis au premier ministre d’évaluer les sentiments de du président à son égard. Il est ironique que M. Carney prétendît à qui voulait l’entendre qu’il était capable de gérer Donald Trump, qu’il aurait déjà fait des « deals » avec lui, bien sûr sans préciser la teneur, des avenants et des aboutissants de ces échanges commerciaux.
Alors, la question se pose : où est passé le leadership tant promis par Mark Carney ? A-t-il été perdu entre l’élection de la chefferie et l’assermentation? A-t-il enfin compris qu’il est plus facile de gérer des banques centrales que de faire de la politique? A-t-il compris qu’il faut du caractère pour être en politique et pas seulement avoir un gros CV? S’il veut être crédible et ne pas finir comme Emmanuel Macron qui a une cote de popularité avoisinant les 20%, celui-ci devrait cesser de miser sur son CV et poser des actions concrètes. M. Carney, à ce rythme, ne pourra échapper bien longtemps à l’usure du pouvoir. Avec tout ce brassement d’air de la part du premier ministre, les éoliennes n’auraient pas besoin de vent pour fonctionner.