Lorsqu’il fait si froid qu’on se sent limité, cryogénisé, se faire parler de vélo est un peu absurde. Si gravir la côte Salaberry par exemple, est déjà pas mal pour le cycliste d’occasion, répéter l’exploit alors qu’elle est vêtue d’une jolie robe de verglas… relève plus du suicide.
Bref, mardi dernier au bar Le Fou Aeliés se tenait une conférence sur un voyage de vélo à travers la France, l’Espagne et le Maroc. Portrait d’une épopée menée par les mollets de Maxime Tye-Gingras et ceux de Caroline Mercier.
Il ne s’agissait pas ici d’une conférence technique, la page Facebook de l’événement le précisait d’emblée. On promettait plutôt une soirée farcie de photos, d’anecdotes et surtout, du goût de sauter sur un vélo. C’est Maxime, bénévole à La Coop Roue-Libre, qui lança le bal avec un montage photo.
Le diaporama défilait trop vite pour ce que le cycliste avait à dire, comme si même sa présentation était muée par le désir frénétique d’avancer. Il nous raconta qu’il avait commencé par la France, pays très adapté au vélo, semble-t-il. Il faisait cavalier seul au départ. Les villages sont très rapprochés, facilitant les déplacements en vélo. Maxime a été bien reçu en France d’ailleurs : « L’hospitalité française, ça te rentre dans le foie! », nous confia-t-il en riant.
Pour lui, une des joies du vélo, c’est de choisir sa voie. Suivre la même piste cyclable pendant des centaines de kilomètres, non merci. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué? À sa grande surprise, sa compagne Caroline Mercier lui fait parvenir un message par les réseaux sociaux comme quoi elle le rejoignait. La distance étant trop grande pour le temps dont il disposait, Maxime prit l’autobus.
Une fois arrivés en Espagne, ils ont découvert que chaque village abritait au moins une fontaine d’eau gratuite. « Si tu l’as pas trouvée, t’as mal cherché », continuait Maxime avec le regard plein de souvenirs, le sourire aux lèvres. Il faut dire que la barrière de la langue s’est fait sentir quand ils ont rencontré des gens unilingues espagnols. Mais à force de persévérer et en faisant des dessins, ils se font comprendre, et apprécier aussi, si on se fie aux photos! Le problème s’est d’ailleurs répété une fois qu’ils sont arrivés au Maroc. Selon Catherine Mercier, le Maroc est sûrement, des trois pays qu’ils ont bravés, le pire pour le cyclisme. Vous êtes avertis.
Qu’est-ce qui est important dans un voyage de cyclotourisme, selon nos deux adeptes? Bien sûr, l’aspect physique est incontournable. C’est le plus évident, 50 à 100 kilomètres dans les montagnes par jour, ça prend plus que des bons mollets.
Les deux s’entendent pour dire que l’esprit est davantage mis à l’épreuve que le corps lui-même. Bien qu’ils aient dû faire des compromis pendant leur périple, la complicité entre eux était palpable. « Quand tu te fais une bonne bouffe, ou bien quand tu vois un beau paysage, c’est bien. Mais c’est mieux à deux », a lancé Maxime à sa copine avec une sincérité désarmante.
L’important en cyclotourisme, c’est aussi les belles rencontres. Le café Fou Aeliés est d’ailleurs tout indiqué pour cela. Avec ses bières de microbrasserie et ses salades, c’est à découvrir. Pourquoi voyager en vélo plutôt qu’autrement? En vélo, ça va moins vite, mais on voit mieux.