Le goût du passé

La Cuisine

Une brume épaisse tamise la ville et la rend angoissante. Heureusement, nous apercevons La Cuisine déjà fourmillante de petites têtes. Nous entrons  et nous faisons la rencontre d’un passé multiple. Que ce soit par ces tables disparates ornées de bordures métalliques, ou bien par la Super Nintendo près de nous,  tout dans l’établissement rappelle des souvenirs.

Le très propriétaire nous accueille avec une aisance et une chaleur humaine incroyable, comme son restaurant a su le faire quelques instants auparavant. Il nous propose à boire; j’opte pour une pinte de Boréale rousse et Bianca pour une sangria. Dans l’attente de nos verres, nous nous questionnons sur le service, aurait-il oublié de nous apporter les menus? C’est alors qu’on remarque sur les murs du restaurant qu’apparaissent les plats proposés. Les choix sont diversifiés et réconfortants. Nous ne commandons pas tout de suite. Un jeu de Battleship est déposé sur le comptoir près de nous, une partie s’impose. J’ai le dessus sur mon adversaire avec un coup fatal sur la case B8, je coule son porte-avion, ce qui nous fait passer à la nourriture.

En entrée, nous choisissons de partager l’assiette d’humus et pitas. La texture de l’humus est bonne et on goûte bien le cumin qui vient relever la purée de pois chiche d’une juste façon. Les pitas sont chauds et moelleux et quelques olives Kalamata trônent dans l’assiette.

Comme plat principal, il y a la lasagne à la viande qui me tente, mais après mûres réflexions je choisis le bœuf à la bière. Bianca, quant à elle, arrête son choix sur la salade tiède de lardons et chèvre. Nos plats se pointent dans des assiettes fleuries, élément qui va de soi dans ce décor psychédélique. Mon bœuf goûte l’enfance avec ces gros morceaux de navet, de pomme de terre, de carotte et de viande mijotés. C’est pour moi une réussite, bien que le niveau de difficulté de ce plat soit peu élevé: le goût y est et la dose de réconfort qu’il apporte vient assurément réchauffer le cœur. La salade de Bianca semble lui plaire, elle insiste pour que j’en prenne une bouchée. De fait, la vinaigrette est rafraîchissante, les morceaux de lardons sont de belle grosseur et le fromage de chèvre légèrement fondu enrobe les feuilles d’épinard. Le seul point négatif est ce pain servi avec nos deux assiettes, pain qui serait excellent s’il n’était pas envahi par le thym séché.

Nous spéculons sur le dessert qui pourrait nous être proposé, car il n’est pas indiqué sur le menu mural. Une tarte au sucre, aux pommes, un carré aux dattes? Nous trouvons finalement en mentionnant le traditionnel pudding chômeur. À ma grande déception, le gâteau blanc est légèrement trop cuit. La sauce est cependant très réussie, cela goûte ce que cela doit goûter: le bonheur.

Avant de repartir, nous nous perdons encore quelques instants dans ce mélange d’époques qui saura rappeler assurément des souvenirs à tous ceux qui pénétreront l’univers coloré et accueillant de La Cuisine.

Crédit photo : Hubert Gaudreau

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