On tente de briser l’ennui comme on peut en cette fichue pandémie de COVID-19 : j’ai donc décidé de suivre sur Internet le déroulement des élections municipales en France, tenues le 15 mars. Bon, vous me direz qu’il y a plus palpitant pour se divertir. Certainement. Toutefois, à force d’entendre « la maire », j’en suis venu à réfléchir sur la question pas toujours simple de la féminisation des noms de métiers en français.
Par Andréi Audet, journaliste mutlimédia
J’ai toujours admiré la langue française entre autres dû à la place qu’elle fait aux femmes, notamment grâce à la féminisation de nombreux mots. Des disparités existent toutefois entre différents territoires de la francophonie lorsqu’il vient le temps d’attribuer une forme féminine à une profession. La France et le Québec sont deux cas intéressants qui permettent de jeter un regard sur la réalité de ce phénomène.
Le « fémimasculin » de la France
En France, on remarque d’emblée que le masculin l’emporte souvent lorsque vient le temps de nommer le titre d’une femme occupant une fonction. Par exemple, madame la maire, la chef, la professeur, etc. Même au niveau des déterminants, certains Français ne prennent pas en compte le féminin. Pensons à ce député français, Julien Aubert, en 2014, qui appelait la présidente de l’Assemblée nationale : « Madame, le président ».
L’Académie française s’est montrée ouverte le 28 mars 2019 à une plus grande flexibilité quant à la féminisation des noms de métiers. Il faut dire que l’institution qui s’occupe de l’utilisation de la langue française n’a jamais été une partisane de cette pratique, principalement lorsqu’il s’agit de hautes fonctions issues de certains domaines comme la politique, l’administration ou la justice.
L’uniformisation du Québec
Le Québec a toujours été avant-gardiste en matière de féminisation des noms de métiers en français, et ce depuis 1979. La raison est fort simple : l’Office québécois de la langue française voulait se coller à la nouvelle réalité où les femmes occupent de plus en plus de fonctions traditionnellement réservées aux de la province canadienne.
Règle générale, la société québécoise reconnaît bien l’apport des femmes dans les différentes professions. Il est donc la norme pour quiconque au Québec d’utiliser les termes féminins, bien que ça ne soit pas obligatoire.
Un signe d’ouverture
L’importance de faire usage de la forme féminine d’un titre lorsqu’on parle d’une femme est avant tout logique dans mon esprit : il s’agit de reconnaître que les femmes sont bien présentes et actives dans notre société. Il devrait être impératif pour les pays de la francophonie qui défendent le droit des femmes et qui se disent ouverts sur le monde d’adopter la féminisation des noms de métier.
De plus, il n’y a rien à mon avis de trop complexe à donner une forme féminine à un nom de métier. Il s’agit simplement d’en informer la population, et de tenter d’ancrer dans la mentalité des gens la nouvelle forme.
Alors, à quand le « Madame la mairesse » partout dans le monde ?