Critique CD : Montréal $ud de Dead Obies

Dead Obies
Montréal $ud
Bonsound

Un peu plus d’un an après la sortie de son ruban mélangé Collation vol.1, le collectif montréalais Dead Obies nous offre son premier album studio Montréal $ud. Ceux qui s’étaient classés en deuxième position aux Francouvertes 2013 récidivent avec ce qui leur a peut-être (peut-être…!) coûté la première place : un son purement franglais.

Gravitant un peu autour de la folie d’Alaclair Ensemble, le groupe dévoile un album distinctif. En effet, les Dead Obies sont bien plus sombres, plus bas, plus gras.

N’en déplaise à ceux qui avaient aimé Tony Hawk, le premier extrait de l’album paru cet été, les gars ne se sont pas lancés dans une carrière de cascadeurs, ni de band hardcore. Les productions sur l’album sont bien influencées par les sonorités dirty south, qu’ils ont traduit par « sud sale » pour l’occasion.

Bien que certaines pièces laissent place à des propos plus bon enfant, l’agressivité dans le débit et la lourdeur des arrangements collent parfaitement à l’ambiance de sous-sol louche qui plane tout au long de l’album. En effet, celui-ci nous dévoile un univers sombre appuyé par des basses bien grasses et des synthétiseurs lugubres. Des pièces comme Do or Die et Dead Zeppelin donneraient des idées meurtrières à ta grand-mère.

Les quelques chansons composées à base d’échantillonnages (Black Cadillac et l’excellente Love Song) ajoutent une touche old-school bien qu’elles soient rapidement diluées dans le régime extra-basse du sud.  L’échantillonnage vient d’ailleurs ponctuer presque tous les titres, en passant d’une Française chiante (Swish) à un petit garçon très rue (What it is).

Le travail de VNCE, celui qui nous avait offert plus tôt cette année le beat tape Me & My DJ, est assurément le point fort de cet album. Des productions progressives, originales et cohérentes.

Soulignons aussi la créativité dont font preuve les cinq emcees dans leur livraison. Les différents débits et sonorités s’agencent et se complètent comme du poulet pané et de la sauce texane.

Un album somme toute cohérent et très consistant; 17 pièces au total, toutes très caloriques. Par contre, un léger manque de constance pour ce qui est des textes. L’anglais fait parfois office de béquille. Na mean?

Bien oui : Le gars qui nous paye la traite à la fin de In America.

Bien non : Planète Roche.

4/5   Jean-David Rodrigue

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