L’été est à nos portes et le temps est venu de planter quelques fleurs sur le balcon, de dépoussiérer la table bistro et de s’y installer avec un verre de vin pour lire un bon roman. Mais quels livres choisir parmi la multitude ? Impact Campus en a identifié trois pour vous.
Le monde entier (ou presque) en a abondamment parlé depuis sa parution, il y a à peine un mois, mais force est de reconnaître que le plus récent roman de Nicolas Dickner, Tarmac, s’impose comme un véritable incontournable cet été. Tarmac, c’est l’histoire d’une amitié typique entre deux adolescents «ordinaires» : Michel Bauermann, dernier né d’un magnat du béton, rencontre Hope Randall, réfugiée néo-écossaise issue d’une lignée d’hystériques prédisant chacun leur tour une fin du monde tout à fait différente de l’apocalypse prévue par leur prédécesseur. Tarmac, c’est aussi Rivière-du-Loup pendant la Guerre froide et une érudition inhabituelle fort amusante. Dickner porte un regard presque anthropologique sur ce dernier quart du vingtième siècle et crée ainsi un alliage hétéroclite fascinant qui se situe, en quelque sorte, à mi-chemin entre les fictions de Haruki Murakami et celles de Douglas Coupland.
Paru en 2006, La logeuse, deuxième roman d’Éric Dupont, raconte l’histoire de Rosa Ost, jeune gaspésienne qui quitte son village communiste pour aller chercher le vent à Montréal. Là-bas, elle trouvera du travail dans un hôtel de passe et se liera d’amitié avec un groupe d’effeuilleuses venues autant de Russie que de Cuba. Elle logera chez Jeanne Joyal, hystérique convaincue qui donne des leçons d’histoire du Québec à ses locataires. Dans La logeuse, on rencontre autant une rescapée du naufrage de l’Empress of Ireland qu’un puits d’ennui mortel pour ceux qui en respirent les émanations gazeuses. Vraisemblable et invraisemblable s’emmêlent et se chevauchent pour créer un monde fictionnel extravagant, mais convaincant. On voudrait nous aussi entamer le célèbre «L’Internationale sera le genre humain» avec les strip-teaseuses de la rue Saint-Laurent, se battre contre Jeanne d’Arc la pucelle d’Orléans ou encore avoir pour vieille tante une femme habillée en mauve qui ne parle qu’en récitant des proverbes surannés.
Dans La physique des catastrophes de Marisha Pessl, disponible en format de poche depuis peu dans la collection «Folio» chez Gallimard, on fait la connaissance de Bleue Van Meer, une adolescence états-unienne tout à fait allumée qui voyage d’une ville universitaire à l’autre avec son père, lui aussi assez allumé, voire illuminé. Ensemble, ils discutent de physique quantique, de littérature, de cinéma – de tout et de rien, bref, mais rarement des choses dont discutent habituellement un père et sa fille. Bleue se liera d’amitié avec quelques étudiants désabusés et une professeure exubérante qui a pris le groupe sous son aile. Le roman bascule lorsque cette même professeure est retrouvée pendue à un arbre. La physique des catastrophes est, en quelque sorte, une version soft du classique de Donna Tart, Le maître des illusions. Soft, peut-être, mais pas moins captivante et, surtout, d’une intelligence à faire frémir.