Lorsque la portion la plus captivante du livre qui se trouve entre vos mains se situe en couverture, sonnez l’alarme! Règle générale dans de telles situations, vous êtes soit en présence de l’antithèse d’un ouvrage scolaire, ou alors du dernier écrit d’Anne Legault. Le concept visuel, que l’on doit à Jean-Paul Eid, animant la couverture de Manga Baroque est accrocheur; puisque l’œuvre s’il en est, est trempée de l’univers manga, la jaquette du bouquin est à l’envers. La couverture se retrouve en quatrième de couverture pour suggérer une lecture de la fin au début, ainsi qu’on le fait pour le japonais. Simple, efficace et intriguant.
Cependant, aussi enthousiasmante que soit l’enveloppe, son contenu ne s’en trouve pas pour autant bonifié. Mme Legault esquisse avec peine un drame familial où deux sœurs tentent d’échapper à l’emprise des serres maternelles. «Caroline, tu as été ma meilleure mère. J’aurais voulu que tu sois la seule.» Rien de nouveau au pays des relations humaines.
L’irascible figure maternelle méprise l’intérêt que sa cadette porte au dessin, et tout particulièrement aux mangas, «littérature jetable»; Manga baroque s’en inspire peut-être trop. Le roman nous fait patauger entre des personnages improbables, maladroitement croqués. L’histoire tissée de stéréotypes s’embourbe dans des sentiments mal taillés et tout cela par le billet d’une plume bien quelconque. La bonne nouvelle, c’est que le roman ne comporte que
141 pages.
Par un extrême effort de volonté, on peut relever quelques fugitifs éléments appréciables. On retrouve posés ça et là des clins d’œil graphiques aux bandes dessinées mangas. Des phylactères viennent ponctuer, revitaliser certains chapitres. L’auteure parvient même, à quelques reprises, à susciter des idéographies originales et presque palpables.
Voilà! Maintenant que ces 400 mots vous ont livrés l’essentiel de ces 141 pages, vous êtes libres de vous vouer à l’étude du japonais!