Bien qu’il s’agisse assurément d’un spectacle de qualité, cette version de la pièce d’Henrik Ibsen présente quelques inégalités, particulièrement en ce qui concerne le jeu de certains interprètes. Si la performance des comédiens masculins est exceptionnelle, celle de leurs consoeurs apparaît, à quelques occasions, moins convaincante.
Malgré l’élégance de Véronique Côté, certains doutes persistent à savoir si cette dernière présente la maturité nécessaire pour porter tout le désespoir d’Hedda Galber, femme tragique de fin de siècle. Il faut dire cependant que le jeu de cette jeune comédienne monte d’un cran dans la deuxième partie du spectacle, après avoir mis un peu de temps à s’installer dans la première. Une interprétation remplie de promesses, donc, malgré de petites failles.
La mise en scène de Lorraine Côté, classique et réaliste, est, pour sa part, très efficace. Rien de superficiel ou de superflu, ce qui témoigne de toute l’expérience de cette metteure en scène de talent. L’interprétation d’Hugues Frenette, dans la peau du mari d’Hedda, constitue un autre point fort. Il est irréprochable dans le rôle de cet intellectuel illuminé qui ne voit rien du drame qui se déroule sous ses yeux.
Hedda Gabler, dans ses forces et ses faiblesses, demeure une pièce à voir, si ce n’est que pour la qualité de ce texte novateur qui dénonce les conventions et contraintes sociales infligées aux femmes de l’époque. Créée au XIXe siècle, cette œuvre a marqué les débuts du féminisme, dévoilant ainsi le chemin parcouru, mais également celui qu’il reste à faire.