Micro-chronique

Si Microfictions de Régis Jauffret a droit à une fiche technique de boxeur, c’est que ce n’est pas un livre, c’est un uppercut dans la mâchoire. Pour être plus exact, c’est 500 coups de poing, directs du droit, crochets du gauche et autres coups en dessous de la ceinture.

« Je” est tout le monde et n’importe qui», écrit Régis Jauffret sur la quatrième de couverture de sa brique, et dans cette phrase est résumé le concept entier du livre. Microfictions, ce sont 500 histoires courtes qui sont autant de fragments de vie de 500 inconnus pris au hasard. Régis Jauffret décrit son livre comme «un morceau de foule».

Avec Microfictions, l’auteur réussit un exercice de style qui tient du tour de force. En quelques lignes, jamais plus de deux pages, l’auteur parvient à créer des mini-mondes qui sont autant de fenêtres sur la vie de ces inconnus. Et il récidive. Un demi millier de fois.

Qui n’a jamais imaginé l’histoire de telle ou telle personne croisée dans le bus ou le métro? La moindre observation mène à des conclusions incroyables: cet homme, en costume impeccablement repassé, porte pourtant des chaussures trouées. Il a l’air à l’étroit dans ses vêtements, et ses yeux sont fuyants. C’est sans doute qu’il porte son costume comme un masque, pour cacher quelque chose. Si ça se trouve, il bat ses enfants.

C’est cette face cachée qui intéresse Régis Jauffret, qui décrit les plus noirs secrets de tous ces anonymes dans la foule. On voit les plus immondes perversions, les personnalités les plus abjectes. Meurtres, viols, abus de pouvoir, déchéance, drogue, sadisme, masochisme et déviances en tous genres comblent les tranches de vie de ces inconnus.

«Nous sommes tous le voisin d’un autre qui est le voisin du suivant ; et quand il y a un mort c’est, quelque part, le voisin de palier, de chambrée, de rame de train… celui dont on ne connaît rien et pourtant dont on connaît un peu l’odeur, la démarche, le grain de la voix, le silence, le regard», dixit les deux metteurs en scène du spectacle Microfictions,Valéry Warnotte et Charlie Windelschmidt.

Car Microfictions prendra vie pendant la prochaine édition de la Nuit Blanche, à Paris. le 4 octobre, où cent comédiens parmi lesquels Pierre Arditi, Frédéric Beigbeder (l’auteur de 99 francs) et Micheline Presle se relaieront sur les planches du Théâtre du Rond-Point pour incarner 100 personnages du livre de Jauffret.

En plus, le spectacle est gratuit. Et le billet d’avion pour Paris?

Rabat-joie…
 

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