Poésie de l’échec, c’est le résultat étonnant d’une expérience qui a mal tourné. Souhaitant relever le défi proposé dans l’un de ses cours, en 2008, la sculptrice Valérie Potvin tente de faire voler l’une de ses œuvres, soit l’enveloppe d’un corps humain en latex qu’elle avait elle-même créée. «J’ai lu énormément sur les façons de faire voler des objets. Je me suis d’abord intéressée à la supraconductivité, comme pour les prototypes de trains qui semblent flotter sur les rails. Étant donné que les matériaux dont j’avais besoin coûtaient très cher, je me suis finalement tournée vers quelque chose que tout le monde connaît : l’hélium», explique la finissante en arts plastiques.
«Au départ, je voulais vraiment faire voler l’objet et présenter cette prouesse technique. Mais je me suis rendue compte qu’il était trop lourd et que je n’y arrivais pas», indique Mme Potvin. Elle a donc décidé de présenter une vidéo de son échec: «Je trouve que la vidéo est plus intéressante que la sculpture qui vole. Il y a plus de matière à l’échec, c’est plus poétique qu’une prouesse technique. Ça amène un commentaire critique sur l’art scientifique, une réflexion.»
L’installation qu’elle présente à la Salle d’exposition du pavillon Desjardins comprend donc l’objet lui-même et la vidéo, diffusée en trois temps. «On me voit à l’œuvre en vitesse normale, en accéléré et en très rapide», précise l’artiste. La trame sonore est une narration du procédé utilisé pour faire voler le corps inerte : «C’est informatif, scientifique, mais c’est aussi une parodie du documentaire scientifique comme le National Geographic.»
Avant tout sculptrice, ce n’est cependant pas la première fois que Valérie Potvin utilise la technologie dans son processus de création. «J’ai déjà utilisé la vidéo pour compléter des objets. Par exemple, j’avais fait un feu et la flamme était en fait une projection. C’est par contre la première fois que la vidéo prend autant de place. C’est davantage une vidéo d’art qu’un complément», explique-t-elle, ajoutant qu’il s’agit à ses yeux d’un grand défi que de faire oublier la technique au profit du contenu.
Depuis l’obtention de son baccalauréat, l’an dernier, l’artiste ne chôme pas. En plus d’avoir la chance d’exposer à l’Université Laval, la jeune femme s’est méritée une résidence à l’Œil de Poisson, dans le complexe Méduse, où elle œuvre depuis environ deux mois. Elle présentera le fruit de son travail tout de suite après Poésie de l’échec, dès le 22 mai, à la Petite galerie de l’endroit. Il s’agit d’un retour aux sources pour Mme Potvin, qui revient à la sculpture traditionnelle.
Poésie de l’échec est présenté jusqu’au 22 mai et le vernissage aura lieu le 14 mai de 17h à 20h.