Savamment, Guillaume Perreault a su engendrer un amalgame juste et ensorcelant des textes de Charles Baudelaire et Edgar Allan Poe. Sans autre trame narrative que la vie, les déboires et les luttes des deux grands hommes, il nous transporte dans un univers du passé au rythme des interrogations, des rires, des cris et cela, sans jamais nous égarer. Trois comédiens, un décor des plus sobres, des éclats de musique et de lumière suffisent à rendre vie, à nous faire décoller.
Dans un espace d’à peine
40 pieds carrés (c’est minuscule), la troupe ne s’offre, pour tout mobilier, que trois chaises. Habilement, les comédiens les transformeront en barque, en montgolfière ou en socle de statue. La proposition de base, qui consiste à prouver que les deux écrivains ne sont en fait qu’un seul être, s’exécute grâce au lien que la charmante comédienne Catherine-Amélie Côté tisse entre les deux protagonistes. Elle incarne successivement la thérapeute, la mère et l’éditeur de Poe et de Baudelaire. Ces personnifications s’effectuent sans changement de costume, par la seule grâce de son jeu.
Lorsque à l’un des tableaux, Baudelaire s’abime dans la consommation d’absinthe, un intéressant parallèle avec les raves et leurs substances modificatrices de perception, une musique techno et des lumières à l’effet stroboscope nous sont suggérés.
Pour un complet régal des sens, le public a même droit à une interaction colorée avec les acteurs… légèrement vêtus! Vous avez jusqu’au 29 novembre pour goûter Le deuil profond de la nuit. Bonne soirée de folies!