YANN PERREAU
BONSOUND
Le dernier album de Yann Perreau, À genoux dans le désir, nous fait revivre ce sentiment d’émerveillement et d’envoûtement, jusqu’au moment où nos pieds, trop lourds peut-être, retombent sur terre et que l’on ne se soit rendu compte de rien. Même pas de la mécanique derrière le numéro.
Pourtant, tout nous mène vers l’enchantement. D’une esthétique sonore impeccable et originale à une réalisation fortement charpentée, l’album nous fait traverser, avec une omniprésence d’instruments classiques ( cordes, vents et cuivres ), de vastes ambiances variant de trame sonore de films à musique électronique. On retient même son souffle lorsqu’un choeur né de l’Armée rouge surgit dans la dernière partie de Qu’avez-vous fait de mon pays, et on s’avoue vaincu devant les refrains de Vertigo de toi et de Le coeur a des dents. On salue également l’ingénuité derrière la postpsychédélique chanson La goutte, aux rythmes et aux arrangements invitants.
Les mains expertes de l’artiste font entrer la matière sonore en lévitation, mais le charme n’arrive malheureusement pas. Peut-être est-ce que ce sont les textes, issus non pas de Yann Perreau mais des poèmes de Claude Péloquin, qui déchargent parfois trop de mots ( Le bonheur est à côté, pas de l’autre côté ), ou bien s’accordent mal, à certains moments, avec la musique ( Les temps sont au galop ).
Pourtant, il est difficile d’oublier le dernier morceau, Au bord du petit lac avec femme fontaine, où Claude Péloquin nous récite ses vers dans une ambiance transe qui rappelle le milieu de la décennie 90, à laquelle s’ajoutent des flûtes de pan.
On cherche en vain un magnétisme dans les mélodies et la voix. Nos oreilles se délectent mais nos tympans se froissent parfois, ce qui provoque l’alternance entre plaisir et malaise.
Dommage, parce que pour le reste, on y croit.
3/5
Martin Mercier