Assis sur un banc de parc du centre-ville, quelques heures avant son spectacle au Théâtre Petit Champlain, Manu Militari se disait plutôt étonné par la houle provoquée par Marée humaine : dix jours après sa sortie, le troisième effort de l’artiste s’était déjà hissé au troisième rang du palmarès des ventes au Québec.
Martin Mercier
L’album s’inscrivant dans la continuité d’un renouvellement, c’est aussi, d’après l’artiste, ce que les fans ont apprécié. «Je voulais pas refaire la même chose. J’aurais pu rester dans ce que je faisais, être confortable dans ça, mais j’ai voulu aller ailleurs, sans m’asseoir sur quelque chose de déjà fait.»
Une houle issue de son troisième disque, qui avait déjà commencé même avant sa sortie, avec le clip de la chanson L’attente (retirée de l’album) qui avait soulevé la polémique en présentant le point de vue d’un insurgé afghan vis-à-vis l’Armée canadienne, et avait (petit mémo) été jusqu’à indigner le ministre du Patrimoine canadien, James Moore. «Quand c’est arrivé, toute cette histoire-là, honnêtement, je me suis dit : j’ai même plus le goût d’écrire. C’est ça que ça m’a fait. Mais, maintenant que c’est plus ou moins fini tout ça, sans nécessairement reparler du même sujet parce que j’ai l’impression d’en avoir fait le tour, peut-être que j’irai vers autre chose. C’est sûr que c’est intéressant d’aller au bout de quelque chose, de faire réfléchir, de déranger, quelque part… Ça anime mes recherches quand j’écris une chanson, d’aller loin dans la réflexion. Je suis quelqu’un qui réfléchit beaucoup.»
Alors que l’on bavarde à propos de son voyage en Égypte, en plein coeur du printemps arabe, et de ses projets futurs, dont celui d’écrire un livre, Manu explique un peu plus sa démarche à propos de Marée humaine. «Je veux pas être enfermé dans quelque chose. C’est pour ça aussi que sur cet album-là je suis allé musicalement vers des choses que je n’avais jamais essayées.» Désirant continuer de voyager autant que d’innover, l’artiste croit que son troisième album témoigne d’une plus grande maturité, qui passe par une «épuration dans les phrases, sans vouloir choquer simplement pour choquer.»
Toujours sur notre banc public, à travers le brouhaha du centre-ville, l’entretien se termine sur une note plutôt philosophique. «Je pense que je suis réaliste, j’essaie de l’être.» Un optimiste réaliste?
«O u a i s ! O u a i s , c’est ça, exactement.»