La compréhension de la différence est source d’ouverture sur l’extérieur. Ce genre de phrase, trop souvent entendu, a le vilain défaut de cacher derrière des termes génériques la réalité du monde, le foisonnement d’un océan de particularités qui ont un sens crucial pour les individus qui les créent et les maintiennent.
Hugo Lafleur
L’exposition La rencontre de l’Autre a choisi comme vecteur d’explication de cette richesse les rituels de la Côte d’Ivoire. Les photos d’Issam Jezly viennent mettre en valeur divers éléments présentés dans une série de vidéos en continu, diffusés dans l’exposition. Ses photos ont une présence indéniablement chaleureuse, accompagnée d’une solennité qui contribue à nous faire comprendre tout le prestige et le mysticisme de ces rituels. Plusieurs photos cadrent des personnages clés de certains aspects de la vie religieuse de la région, qui ont été imprimés grandeur nature. La grandeur des photos et les regards perçants pris sur le vif, dirigés droit vers le spectateur, donnent l’impression que l’exposition est habitée.
L’exposition contient aussi plusieurs objets significatifs qui nous aident à saisir le côté très concret de ces pratiques, des expériences communes qui sont souvent centrées sur des objets tangibles et simples. L’exposition explique très rapidement plusieurs concepts généraux, comme le terme animisme ( et ses faiblesses selon les sciences religieuses ) et les différentes sous-catégories, qui sont séparées selon la perception de leur rôle et de leur importance face à la nature. Les explications fournies sont claires et aident à la compréhension des concepts présentés.
La plus grosse faiblesse de l’exposition vient des vidéos. Commençons par le positif : normalement, les vidéos présentés dans des expositions peuvent créer un effet de détachement. Les prises de vue plan buste, la candeur et le ton sans filtre des habitants de la Côte d’Ivoire défont complètement cet éventuel détachement. Le sentiment que l’on partage une vraie discussion, que l’on reçoit une confidence d’un autre être humain, nous surprend. Les faiblesses précédemment mentionnées viennent de la prise de son crue des vidéos, qui ne favorise pas la compréhension, déjà que l’accent nécessite une courte période d’adaptation. Autre point dérangeant, les vidéos sont accompagnés d’une seule pièce à la harpe solo : A Bird Came Flying de Anne van Schothorst, qui n’a aucun lien avec le thème de l’exposition, ni des vidéos. La pièce dure entre 3 et 4 minutes, ce qui peut donner un nombre considérable de répétitions dans une heure de vidéos. Ce problème est particulièrement dérangeant lorsque les vidéos montrent des scènes de rituels accompagnées de musique; il y a choc entre les deux.
L’exposition est, malgré cela, une entrée en la matière intéressante, qui peut expliquer assez rapidement plusieurs concepts religieux, surtout si vous omettez les vidéos. Si vous avez plus d’une demi-heure, le visionnement des vidéos est malgré tout recommandé. Il vous permet de mieux saisir l’importance de la tradition orale, élément particulièrement étranger à notre culture basée sur les sciences et l’académisme et de prendre contact avec la candeur et la noblesse de cette culture. Sachez toutefois que vous risquez d’être pris avec des traits de harpe dans la tête pour la journée.
Quoi ? La rencontre de l’Autre
Qui ? Un groupe d’étudiants de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval
Où ? Salle d’exposition du pavillon Alphonse-Desjardins ( local 2470 )
Quand ? Jusqu’au 3 mai