Au lit avec le Jamais Lu

Le théâtre du Périscope présentait du 4 au 6 décembre la quatrième édition du Jamais lu. Au menu, divers textes livrés pour la première fois devant public. Retour sur le festival. 

Arianne Doré

Cette année le thème était le bed-in. Comme Édith Patenaude, directrice artistique du festival, le mentionne, « chaque édition doit se réinventer. Le bed-in marque l’ancrage du festival au Périscope. » Inspirée par John Lennon et Yoko Ono, l’équipe a mis en place une résistance par le théâtre. Dans la salle, un grand lit est occupé pendant 48 heures par au moins un des auteurs. « C’est dans notre lit que surgissent souvent les idées », insiste la directrice artistique.

Jeudi soir, entrée libre pour une discussion sur l’avenir du Québec où étaient présentes une cinquantaine de personnes. L’assemblée participe conjointement avec les trois invités qui offrent leurs idées, assis dans le lit. Ensemble, on rêve de changer le monde.

À 19h00, les comédiens entrent pour la lecture de quatre textes. La fougue de Jocelyn Pelletier, l’émouvante histoire de famille de Pascale Renaud-Hébert et la douceur d’Anne-Julie Royer captivent avec brio l’auditoire pendant deux heures. Pour terminer, Marc Auger-Gosselin et Simon Lepage présentent Lovers où la durabilité de l’amour contre celle de l’amitié est questionnée. On a enfin pu entendre des hommes s’ouvrir l’un à l’autre avec humour, mais surtout avec sincérité.

Le lendemain matin, la salle se remplit d’enfants venus écouter Le royaume de mon grand-père de Laurie-Ève Gagnon. Malgré quelques ajustements suggérés par le jeune public, le texte a un énorme potentiel. La foule peut discuter avec l’auteure et les comédiens une fois la lecture terminée, une idée qui emballe les petits. En plus, l’activité rejoint les propos de la discussion de la veille, soit de rendre la culture disponible pour tous.

En soirée, six auteurs (Samuel Corbeil, Maryse Lapierre, Marianne Marceau, Noémie O’Farrell, Sol Zanetti et Édith Patenaude) récitent leur texte révolutionnaire. La directrice artistique a même réussi à faire scander la foule « Vive Justin Trudeau ! » en le présentant comme un sauveur. Les auteurs, tous très à l’aise sur scène, captent l’attention en livrant leur textes avec une mise en scène toute simple depuis un second lit campé au Périscope. Marianne Marceau se distingue des autres auteurs avec son extrait plus littéraire. Malgré son thème original, le texte de Marceau brise le rythme très mouvementé jusque-là.

Pour Noémie O’Farrell, c’était une première participation au festival en tant qu’auteure. Rencontrée peu de temps avant le bed-in du vendredi soir, la codirectrice de la troupe La Vierge Folle confie avoir une légère crainte à l’idée de présenter son travail. « Je ne connais pas mon texte par cœur, j’ai besoin de mes feuilles. On a eu environ une trentaine d’heures de répétition », avoue-t-elle.

Le 4e Jamais Lu se conclut le samedi 15h00 où, assis avec une tasse de thé, on a pu entendre Le pays brûlé de Patric Saucier. Dans un texte long, on vibre au rythme d’une tragique histoire de vengeance qui tourne ingénieusement au vinaigre.

On parle déjà de la cinquième édition, et ce, malgré les coupures qui touchent certains partenaires financiers de l’événement. L’important pour le festival est, selon Édith Patenaude, qu’il conserve son esprit sauvage et qu’il reste authentique. L’équipe y travaillera tout au long de l’année à venir.

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