Photo : Élia Barbotin

Avoir l’art comme colocataire sur l’avenue Myrand

Des entrepreneurs à l’instinct artistique souhaitent améliorer l’expérience des résidents et rendre leur milieu de vie plus agréable. Maxime Boutin, un ancien étudiant de l’UL en administration, a décidé, avec ses partenaires, de rénover des blocs de l’avenue Myrand pour y intégrer des oeuvres d’art et un côté plus moderne. Un concours est même organisé pour les artistes qui désirerait y afficher leur travail.

Pour autant qu’ils aient poursuivi des études postsecondaires en dehors de la maison familiale, beaucoup de jeunes ont connu le faste d’une vie d’appartement dans la Cité-Universitaire ceinturant l’Université Laval, emmurés dans des logements beiges et sans intérêt jusqu’au haut-le-coeur, ou tout simplement glauques.

Entretien avec l’instigateur du projet, pour définir ses objectifs.

Q- Pouvez-vous nous expliquer les origines du projet? Votre background dans l’immobilier? 

R- Moi, je suis un ancien de l’Université Laval, et à l’époque j’ai été locataire de logements proches de l’Université. Malheureusement, c’était des logements qui manquaient beaucoup d’amour. Je me souviens m’être dit à cette époque-là que les étudiants méritaient mieux que ce qui était offert à ce moment. 

Dix ans plus tard, en fait, il y a eu une opportunité qui s’est présentée devant moi: j’ai été approché par un partenaire pour investir sur l’avenue Myrand. Je me suis donc lancé là-dedans et j’ai eu la possibilité d’avoir ces logements en manque d’amour qu’on pouvait rénover pour offrir un beau produit aux étudiants.  

Q- Les travaux sur vos blocs se sont échelonnés sur combien de temps? 

R- En fait, les travaux, ça s’est échelonné sur huit mois. À chaque logement qu’on rénove, on refait la peinture au complet, on change les luminaires, on fait une cuisine totalement neuve, une salle de bain complètement neuve. Bref, c’est vraiment tout l’intérieur qui est refait. On change également les balcons. Et à travers tout cela, on vient ajouter un petit peu d’art.  

Q- Pourquoi jugez-vous qu’il est important d’intégrer l’art dans vos appartements (votre apport personnel, celui de MC Grou, le concours)? 

R- À la base, je suis artiste peintre. J’ai commencé à peindre vers l’âge de 12 ans et j’ai exposé sur l’avenue Myrand, dans un restaurant qui s’appelait le Bonnet d’âne à l’époque, qui est maintenant rendu L’Gros Luxe. Je trouvais ça intéressant de voir des entreprises qui pouvaient soutenir des artistes. Je me dis qu’à mon tour, maintenant que j’ai cette possibilité-là d’offrir un soutien aux artistes, c’est intéressant pour moi de le faire. 

C’est donnant-donnant: nos locataires sont chanceux, parce qu’ils peuvent bénéficier d’un environnement plus intéressant, avec plus d’âme, alors que nous, comme propriétaires, on est plus fiers de nos logements. Ça permet également aux artistes d’y trouver leur compte, de trouver des contrats pour pouvoir afficher leur art. 

Q- Quel est votre parcours personnel en art? 

R- En fait, j’ai étudié en administration à l’Université Laval, en marketing et en gestion de PME. Mais je dirais que mes cours préférés, c’était mes cours à option: j’avais pris des cours en art. J’ai toujours aimé ce côté-là. 

Comme artiste, je suis dans une galerie à Baie Saint-Paul, la Galerie L’Harmattan; je fais encore un petit peu de peinture, mais présentement je me concentre principalement à l’immobilier avec mon équipe, à construire notre projet sur l’avenue Myrand.  

Q- Pouvez-vous nous parler du travail de l’artiste MC Grou et de quelle manière il sera intégré dans vos appartements? 

R- MC Grou, c’est une personne que je connais depuis le Cégep, en fait on a fréquenté le même, le Cégep de Sainte-Foy. Les deux on est des joueurs de basketball, et les deux on a en commun d’être artistes. Donc, je la connaissais et j’aime aussi beaucoup son travail, je suis sa carrière depuis ses débuts. Je me suis donc dit: pourquoi ne pas l’intégrer à nos blocs, pour donner un aspect unique à nos appartements. 

Elle a donc fait trois tableaux, des sept pieds par quatre pieds, qui serviront en même temps de tableaux, mais aussi de rampes dans nos logements.  

MC c’est vraiment du graffiti qu’elle fait, ou plutôt ce qui se rapporte au pochoir. Elle a créé trois fois la même oeuvre, sur trois Plexiglas. Pour le concours qu’on va lancer, ce sera autour du même principe: les artistes qui vont être choisis par le public vont avoir à recréer leur oeuvre d’art trois fois, soit par impression, soit à la main.    

Q- En quoi consistera ce concours afin de mettre davantage d’art dans les logements 

R- Le concours va être lancé officiellement le 15 décembre (jusqu’au 28 janvier). Donc les artistes vont pouvoir appliquer et nous soumettre leur portfolio et leurs esquisses. Parmi tout ça, on va choisir trois artistes que l’on va soumettre sur notre page Facebook (@smpmyrand) et à partir de ce moment, les gens vont pouvoir voter pour leur artiste préféré. Cet artiste va gagner un prix de 50$ qui va lui permettre de faire les oeuvres d’art sur les panneaux de Plexiglas.  

Q- Si la réponse des étudiants est positive, est-ce un projet qui pourrait grandir, s’étendre à d’autres blocs autour du campus? 

R- C’est sûr que nous présentement, on essaie de promouvoir l’art dans nos différents logements. On y va étape par étape: pour un premier bloc-appartements de huit logements, on y est allé avec MC Grou. Là, le concours, c’est pour un autre bloc; nous avons 56 logements sur l’avenue Myrand, donc éventuellement, nous voudrions continuer à faire ça pour les autres blocs. 

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