Jeudi avait lieu la présentation du spectacle Bach : le mal nécessaire au complexe Méduse de Québec. Créée partiellement en résidence à La Rotonde, l’œuvre est une chorégraphie de Mario Veillette.
Ann-Julie Nadeau
Professeur, danseur et créateur, il aborde une approche très contemporaine par l’étude du mouvement mis en parallèle avec la musique du très célèbre compositeur classique, Jean-Sébastien Bach. En collaboration avec Éric Dorion aux arrangements musicaux, ce dernier s’approprie l’œuvre et la remanie afin de rehausser certaines chorégraphies. Les effets sont percutants notamment dans les répétitions et les ralentis. Ces modifications rendent l’ambiance troublante, parfois même dérangeante.
« Le mal nécessaire, c’est la course effrénée du XXIe siècle. »
C’est ce qui semble donc être le thème principal du spectacle. « Semble », puisque l’amalgame des courts tableaux nous paraît décousu et insaisissable. La course, c’est le mouvement qui revient le plus souvent. Que ce soit en groupe ou séparément, les danseurs vont dans tous les sens et parfois, durant de longues minutes, en rond, occupant tout l’espace dans une espèce d’aliénation. Ils courent les uns après les autres, systématiquement et en désordre total. Celui qui chasse devient proie, et vice-versa. C’est une interprétation burlesque et complètement éclatée de notre société telle qu’on la connaît. Dans certains passages, les danseurs se tâtent le visage, prennent des expressions faciales défigurées. Ou encore, un tableau débute avec des interactions en duos de danseurs tout à fait inoffensives jusqu’à ce que leurs rapports dégénèrent. Ils se battent entre eux et se frappent violemment : des scènes troublantes à regarder.
Si c’est bien une illustration de notre époque, c’est dans l’exécution du chaos, de l’instabilité, du non-sens. C’est comme si l’être humain moderne, dans son court passage sur terre, mène une vie effrénée et dénuée de sens. Cette belle folie ébranle le spectateur, qui est constamment déstabilisé par les chorégraphies singulières, la musique déformée ou les deux. Ce qui est dommage, c’est que tous les éléments riches et intrigants mis ensemble n’arrivent pas à toucher le spectateur.
On aurait aussi aimé voir plus de danse. Mais ici, c’est l’exploration gestuelle qui est mise de l’avant, en parallèle avec la musique de Bach.