Bernard Adamus est un de ces hommes qui sait réunir une grande quantité de gens et qui arrive, par son indéniable humanité, à se faire comprendre. Jeudi dernier, à l’occasion de son spectacle, Le Cercle était plein à craquer.
Hugo Lafleur
En guise de réchauffement, Odeur de swing assurait la première partie avec son jazz inspiré de l’époque swing et de la Nouvelle-Orléans. Composé d’une solide section de vents, le groupe nous livrait des improvisations typiques de l’époque au trombone, à la trompette et à la clarinette. Il est intéressant de noter que l’authenticité du style est assurée par le banjoïste/guitariste et maître en musicologie jazz, Frédéric Brunet. Les centaines de personnes entassées pour voir Bernard Adamus ont été ravies de sentir le swing à plein nez et même d’y ajouter un peu du leur en dansant.
Malgré plusieurs vagues de cris l’implorant bien fort, Bernard a pris son temps pour entrer sur scène. Il a pris le temps de garrocher à un bras sur la scène une caisse de bouteilles d’eau, en prévision du spectacle. Il a fini par arriver, accompagné de ses musiciens, faussement chics avec leurs vestons noirs. Il a enchaîné par une fusion bien contrastée et efficace, Y Fait Chaud et La Diligence. Le public était déjà en feu.
Bernard était accompagné de trois cuivres, très à l’aise et ayant leur part d’improvisation. Notons l’efficacité des « walking-bass » du joueur de soubassophone, le naturel du tromboniste et l’agilité du trompettiste (qui se débrouillait aussi au clavier). La majorité des pièces se permettaient des extensions pour développer les pièces et pour laisser de l’espace aux improvisateurs. Notons parmi les variations intéressantes du concert, un passage en « double feel » dans son grand succès Brun.
Le Cercle était rempli par une foule mentalement prête à fêter avec Bernard. Beaucoup de pièces étaient chantées au complet avec le public, pas seulement celles qui sont passées à la radio. L’attention du public était palpable pour les chansons plus lentes, mais il était difficile pour les spectateurs de se retenir de danser pendant celles plus endiablées.
Bernard Adamus ne pouvait quitter sans un au revoir digne de lui-même. Après une première tentative de finir le spectacle, l’enthousiasme de la foule l’a obligé à livrer une surprise bien spéciale : une adaptation bien costaude et efficace de son single, La Rue Ontario (particulièrement savoureuse avec le soubassophone). Le public enflammé en voulait encore plus; Bernard les a calmés avec l’émotion dense et la nostalgie de la pièce du dernier album : Le scotch goûte le vent. Par ses dernières paroles « L’hiver va nous tuer, jusqu’au printemps », Bernard a quitté la scène, nous laissant sur un étrange sentiment de flottement.