La troupe de théâtre Les Treize de l’Université Laval présentait du 26 au 30 mars la dernière pièce de la saison, Baiseries, écrite par Jean-Philippe Baril Guérard et mise en scène par Jean-Nicolas Marquis.
Arianne Doré
Dans l’intimité du Théâtre de Poche, la troupe nous livre une performance remarquable et habilement dirigée par le metteur en scène Jean-Nicolas Marquis et le directeur de production et comédien Éric Robitaille. Une histoire d’amour déchu, comme il y en a des tonnes, débutant par une trahison. Le soir de son anniversaire, Anne-Marie (Marianne Desjardins) découvre son amoureux de longue date, Louis (Émile Beauchemin), en pleine action avec une autre dans les toilettes d’un bar. La jeune femme, n’ayant connu aucun autre homme que lui, est dévastée. C’est ainsi qu’elle se jette sur le premier venu, comme pour oublier sa peine. C’est ce qu’elle fera à répétitions, d’ailleurs, pour les mois à venir.
Épaulée tant bien que mal par son amie Charlène (Maureen Roberge) et son frère Guillaume (Alexandre Bellemare), elle tente de reprendre le dessus sur sa vie, alors que chaque nuit, les amants (Éric Robitaille) défilent dans sa vie.
Sans fausse note, avec une justesse admirable et une absence de pudeur remarquable, Marianne Desjardins et ses comparses nous font vibrer au rythme d’un cœur brisé pendant plus d’une heure quarante. D’ailleurs, Éric Robitaille, qui interprète tous les amants avec une aisance déconcertante, nous fait oublier qu’il s’agit du même comédien dans chaque scène. Tout au long de la pièce, nous sommes tenus au bout de notre chaise, dans l’attente d’une nouvelle chute. Jurons, colères, engueulades, scènes osées, drogue, alcool : rien n’y échappe. Pourtant, il y a beaucoup plus que cela à retenir. On sent toujours dans les actions d’Anne-Marie son désespoir et son incapacité à accepter le rejet. Baiseries nous amène à nous questionner sur les causes d’une sexualité débridée dans notre société et fait agilement référence à la vie de beaucoup de gens perdus dans l’univers de la débauche. Les nombreux renvois au sexe provoquent d’abord l’hilarité, puis le public comprend qu’il y a plus à en tirer. On ne parle pas ici de pornographie, bien que le sujet soit grandement exploité, mais d’échapper aux difficultés d’une rupture grâce au sexe. Ce qu’on retient de cette pièce est une réflexion sur les relations amoureuses et sexuelles. On en sort hantés par la colère et le désespoir d’Anne-Marie et subjugués par la qualité du jeu des comédiens.