Le 21 janvier dernier, les Ballets Jazz de Montréal ont présenté les créations riches et variées de trois chorégraphes de renom au Grand Théâtre de Québec.
Ariane Tapp
En réunissant ces trois chorégraphies dans un seul spectacle, les Ballets Jazz de Montréal ont su montrer leur versatilité et même leurs talents de chanteurs et de comédiens!
Céline Cassone ( la vedette de toute la soirée ) et Kevin Delaney semblent danseurs de boîte à musique dans le duo Zero in on, de Cayetano Soto, qui impressionne par sa précision et sa souplesse. À la fois rigides et fluides, les danseurs s’entortillent l’un avec l’autre en des figures étourdissantes. L’apparente froideur des danseurs est compensée par la musique délicate de Philip Glass. On aurait souhaité plus de mouvements à deux vers la fin du court numéro de sept minutes, lesquelles s’envolent bien vite.
Dans Night Box, de Wen Wei Wang, l’individu s’oppose à la masse sur fond d’images de centre-ville éclairé aux néons; la froideur et l’impersonnalité des foules compactes des boîtes de nuit contrastent avec la sensibilité des duos et solos qui s’en détachent. Au coeur du numéro, deux hommes fuient à la fois les clichés de l’homme viril et indifférent et les stéréotypes gais. C’est toutefois un duo homme-femme qui offre la finale, sublime, sur la musique toujours sensible de Max Richter. L’émotion palpable qui s’en dégage tranche avec l’introduction robot, automate, où les danseurs, en bancs de poissons, exécutaient les mêmes mouvements secs au rythme d’un techno on ne peut plus simplifié. L’urbanité dans tous ses paradoxes.
Finalement, le très théâtral Harry, de Barak Marshall, nous est présenté par la déclamation à la Shakespeare d’une des danseuses comme la tragédie d’un homme confrontant les Dieux par amour. S’ensuit une quasi-comédie musicale dans laquelle s’enchaînent dialogues, danses, sketchs et chants, sur fond de jazz de Deuxième Guerre mondiale et de musique traditionnelle des Balkans. Humour, ingéniosité ( faire éclater des ballons rouges pour des coups de feu, remplacer le jeu de la pantouf le de verre par le jeu du couvercle qui conviendra au chaudron de Harry ), énergie, et un brin de cynisme sur la place de la religion entre vie et mort couronnent le tout. Touffu ? Étonnamment f luide, Harry fait sourire, touche, et divertit.