Les créatrices du blogue This is better than porn amènent à Québec Cet endroit entre tes cuisses, une performance théâtrale érotique, présentée le 23 avril au Théâtre Petit Champlain. La pièce, qui a connu un vif succès à Montréal traite, entre autres, de deuil amoureux, de séduction, de masturbation et de relation à long terme.
L’une des deux auteures et fondatrices du blogue, Olivia Lagacé, raconte que, pour la première représentation, en 2015, l’objectif initial était de faire une simple soirée de lecture pour financer leur troisième magazine de poésie érotique. Toutefois, elles ont rencontré le metteur en scène Jérémie Francoeur qui leur a dit vouloir faire quelque chose de plus, une vraie performance théâtrale, avec leurs textes.
Le projet a connu un tel succès que les deux dates se sont retrouvées sold out en quelques heures. Deux ans plus tard, l’équipe a donc choisi de s’ouvrir à un autre public que celui montréalais en amenant la production à Québec, Sherbrooke et Trois-Rivières.
« C’est sûr qu’on a changé quelques textes, parce qu’on a évolué dans notre sexualité, et c’est ça qui est le fun avec le blogue, c’est qu’on n’a pas le choix de toujours se questionner sur notre sexualité et là où on en est. Ça évolue tellement en quelques années, c’est juste un meilleur show », estime Olivia.
Selon l’auteure, en allant voir Cet endroit entre tes cuisses, les gens peuvent s’attendre à être à la fois étonnés et touchés. Elle assure que les textes, écrits au fil des années, parlent vraiment de ce qu’elles ressentent et risquent d’atteindre des gens de tous âges. Pour elle, le spectacle sort des sentiers battus, ralliant plusieurs actes poétiques et anecdotes.
D’hier à aujourd’hui
Olivia Lagacé et Linakim Champagne ont fondé le blogue This is better than porn il y a quatre ans, alors qu’Olivia séjournait au Mexique et que Linakim était demeurée au Québec. « On s’envoyait des textes sur nos relations et, de fil en aiguille, ça a pris de l’ampleur. Les gens ont commencé à nous envoyer des textes, donc on a accepté des collaborations et on a commencé aussi à faire des photos », résume Olivia.
Le blogue propose ainsi un mélange de textes et de photos érotiques, mais poétisés, proposés par différents collaborateurs. Puis, est venue la création de trois magazines, proposant du contenu exclusif d’Olivia et de Linakim et, enfin, la pièce de théâtre. Et d’autres projets qui n’attendent qu’à être lancés.
En raison de toute cette effervescence, les filles ont choisi de prendre une pause du blogue et de ne plus y produire de contenu pour un temps, afin de se concentrer sur tout le reste. Toutefois, comme l’assure Olivia, ce n’est pas terminé.
Les auteures ont en effet remis du contenu sur le site pendant tout le mois de février, proposant ainsi une vingtaine de nouvelles publications. « Tout le monde était vraiment heureux qu’on revienne faire notre tour, même si c’était pour un mois. Ça nous a vraiment étonnées que, même après un an d’absence, les gens soient aussi réactifs », raconte Olivia.
Pour elle, cet intérêt démontre que « les gens ont besoin de ça, ils ont besoin d’une approche plus poétique au sexe ». Elle estime de ce fait que le blogue offre une autre façon de faire réagir l’imaginaire érotique que le visuel. « On le fait par les mots, et je pense que c’est important, et que les gens se sentent interpellés par ça. »
La sexualité, toujours taboue?
Selon Olivia, encore aujourd’hui, il y a définitivement un besoin de briser les tabous, qui se perçoit à travers le blogue. « Je pense que c’est important de parler de sexualité, et aussi des différentes sexualités. On le voit dans les dernières années, le féminisme et le mouvement LGBTQ+ prennent de plus en plus d’ampleur et je pense que le fait d’en parler aide les gens à mieux comprendre. »
L’auteure estime d’ailleurs que plusieurs initiatives pour parler de sexualité se sont développées au cours des dernières années, comme ce que propose la chroniqueuse Lili Boisvert avec Sexplora. « Plus les médias en parlent, plus les gens se disent qu’au final, parler de sexe c’est normal et c’est naturel. Pourquoi ne pas en parler? C’est quand même une très grosse partie de nos vies. »
Elle souligne par ailleurs l’hypocrisie des médias sociaux, comme Instagram et Facebook, qui les ont plusieurs fois censurées et menacées de fermer leur compte en raison des photos qu’elles y publiaient. « On ne peut pas mettre un bout de sein ou une craque de fesse parce que c’est trop intense pour eux, mais quand une fille se met en maillot et qu’on peut tout deviner, ça, ça ne dérange pas », reproche-t-elle.
C’est d’ailleurs pour éviter la censure que le blogue n’a jamais accepté de publicité et ne s’est rattaché à aucune organisation. « On voulait vraiment garder une main mise sur le contenu et sur ce qu’on avait à dire. On a toujours gardé notre liberté créative et c’est ça qui est le fun. Même avec la pièce, c’est nous qui la produisons donc c’est nous qui décidons. »
Pour assister à cette performance érotique et poétique, il est toujours possible de se procurer des billets au www.ovation.qc.ca.