Le doctorant en études littéraires à l’Université Laval, Gabriel Marcoux-Chabot, est ravi de son expérience aux Jeux de la Francophonie, présentés en Côte d’Ivoire du 21 au 30 juillet.
Entre autres pour son audace dans l’écriture de sa nouvelle Blocmémoire, le représentant du Canada en littérature s’est vu décerner une mention spéciale du jury. Pour réaliser son œuvre, il s’était donné un important défi. Il souhaitait explorer un monde futuriste dans sa région d’adoption, le Saguenay−Lac-Saint-Jean, ainsi que la façon dont la langue française pourrait évoluer.
Or, comme ses homologues provenaient de 22 pays différents, il n’avait aucune idée de la façon dont son texte serait reçu. La réponse s’est finalement avérée être positive, dans l’ensemble.
« Il y a eu des gens pour qui le texte était impénétrable, qui étaient incapables d’entrer dans le récit parce que la graphie était trop particulière, et il y en a d’autres qui ont adoré et qui ont encensé le texte », raconte-t-il.
Pour lui, il était essentiel que la graphie utilisée soit encrée dans une certaine logique linguistique et ne soit pas simplement « une fantaisie d’auteur ». Dans l’atteinte de cet objectif, il a bénéficié du soutien de la sociolinguiste et chargée de cours à l’Université Laval, Anne-Marie Beaudoin-Bégin.
Visiblement, les membres du jury se sont eux aussi montrés impressionnés. Son président, le poète sénégalais Amadou Lamine Sall, avait de bons mots pour son travail.
« C’est une véritable révolution de trouver dans des concours pareils un texte avec une telle graphie », a-t-il dit, dans une citation partagée par l’écrivain québécois à Impact Campus.
Finalement, dans cette compétition, Razak René, du Niger, a reçu la médaille d’or, Gabriel Robichaud, du Nouveau-Brunswick, celle d’argent et Mohamed Mbougar Sarr, du Sénégal, celle de bronze. Diplômé de l’Université Laval, Simon Lambert était également sur place pour représenter le Québec. Au total, ils étaient 24 concurrents.
Un tremplin vers de nouveaux projets
L’auteur du livre Tas d’roches paru en 2015 souhaite que la mention d’honneur du jury lui serve de tremplin. Dans un scénario idéal, elle l’aiderait à obtenir le support nécessaire pour transformer le texte présenté aux Jeux de la Francophonie en quelque chose de plus gros.
« Ce que j’ai comme projet à l’automne, c’est de commencer à explorer davantage cet univers-là, pour le déployer dans un roman. Probablement le même univers, mais le développer un peu plus, développer les personnages et créer une œuvre plus grande. »
Sa première visite en Afrique pourrait bien lui avoir ouvert d’autres portes. En raison de l’ampleur de l’événement, celui qui a étudié en ébénisterie et en graphisme avant de se diriger pour de bon vers le milieu des arts a eu l’occasion de rencontrer plusieurs jeunes auteurs francophones.
Des ouvertures dans plein de directions
En étant demeuré en contact avec eux, il possède maintenant « des antennes » dans une vingtaine de pays. La compétition a donc beau être terminée, les idées de collaboration ne font que commencer à circuler. Certaines d’entre elles pourraient se concrétiser.
« C’est très difficile pour moi de dire ce qui va me rester dans 10 ans, mais c’est ça qui est fascinant et super stimulant. Il y a des ouvertures dans plein de directions différentes avec plein de gens différents dans plein de pays différents. Et tout ça peut donner autre chose. »
D’ici là, l’étudiant au doctorat publiera son prochain roman cet hiver. Il s’agit d’un remake de La Scouine (1918) d’Albert Laberge. Il paraîtra à l’occasion du centième anniversaire de l’œuvre. Parallèlement à ce projet, il consacre son doctorat à l’analyse du travail de ce même écrivain.
« Jargarde Pedro. Imargarde aussi. Onlsait qe cest le tem. Onlsait crissemen. Mai ona beau ètre préparés, ia des gestes comme sa q’onaimerait mieu jama ètre obligés de poser. »
« Jai l’impression de faire simpe avec mes qestions, mai qant ia des trous, jes remplis comme onmadit. Filomène, Filomène, a soir, le silence iest pa permis. »
« Alvoit, jpense, acomprend. Asort un bra dla nége, sa mitaine areste pogné. Avec sa titemin maigre pis frette, amflatte les cheveus, amtouche la face. »