Les femmes à l’Université Laval
Fondée en 1852, l’Université Laval n’admet des femmes dans ses rangs qu’au tournant des années 1900. Ce n’est pas nécessairement un gage d’ouverture, puisque la première diplômée de l’établissement, Marie Sirois, est encouragée à ne pas se rendre à sa collation des grades. Elle reçoit plutôt son certificat d’études littéraires par la poste. Il en va de même pour la première bachelière de l’Université – et de la province – Marie Gérin-Lajoie, en 1911. Bien qu’elle ait obtenu les meilleurs résultats de sa cohorte, l’étudiante de l’Université Laval à Montréal n’est pas admissible aux grands prix d’excellence en raison de son sexe.
Les programmes universitaires ne commencent véritablement à s’ouvrir aux femmes qu’en 1925 avec la création d’un baccalauréat ès art « pour jeunes filles ». Toutefois, la valeur de ce programme est moindre de son équivalent « masculin ». Cette situation réduit l’accès des femmes aux études universitaires jusqu’en 1936, année où tous les programmes commencent graduellement à s’ouvrir aux femmes. À la même époque, Agathe Lacoursière-Lacerte est engagée à titre de professeur dans l’institution. C’est la première fois qu’une Canadienne devient membre d’un corps professoral universitaire.
Lorsque l’Université célèbre son centenaire en 1952, plus du tiers de ses étudiants sont des femmes. C’est une avancée en demi-teintes, car elles sont pour la plupart inscrites dans des programmes qui les confortent dans leur rôle d’épouse et mère : sciences domestiques, sciences infirmières, pédagogie, etc.
Il faudra attendre le milieu des années 1980 avant qu’une femme n’accède à un poste de doyen à l’UL. Première femme à occuper un tel poste dans une université québécoise, Thérèse Rousseau-Houle devient doyenne de la Faculté de droit en 1985. Au cours de cette même décennie, les étudiantes sont aussi nombreuses que les étudiants. Au début des années 2000, elles occupent à elles seules 59 % des effectifs étudiants. Aujourd’hui, elle surpassent en nombre les hommes dans les disciplines « traditionnellement féminines » et « masculines » au premier cycle.