Après avoir trimballé ses compositions de scène en scène, seul avec sa guitare et ses échantillonnages, Philippe B s’est arrêté au Théâtre Petit Champlain accompagné du Quatuor Molinari. Compte-rendu de la prestation du 4 octobre dernier.
par Justine Pomerleau Turcotte
Les chansons de l’auteur-compositeur-interprète abitibien se font raffinées dans cette version « de luxe » et arborent pour la circonstance un ensemble à cordes en plus de l’habituelle guitare.
D’emblée, on constate que Philippe B ne craint pas de bricoler son matériel afin de l’adapter aux circonstances; ainsi, Nocturne # 632, vêtue d’un sobre accompagnement au piano sur son plus récent album, Variations fantômes, est interprétée avec la guitare pour seule compagne en version solo du spectacle et bénéficie des timbres des violons, de l’alto et du violoncelle.
Un quatuor à cordes est toutefois plus complexe à manier qu’une guitare ou un piano seul. C’est tout un défi pour quatre musiciens de se mouler parfaitement aux moindres libertés rythmiques que peut prendre le chanteur. Fort heureusement, mise à part une légère impression d’instabilité dans certains passages (notamment dans L’Été, qui ouvrait le bal, surtout lorsque le violoncelle, assumant le rôle de la basse, était moins présent pour guider question d’arrangement), l’habit d’inspiration classique sied à merveille au répertoire chargé de poésie de l’artiste originaire de Rouyn- Noranda. Parfois, les cordes ajoutent de façon discrète une touche de chaleur supplémentaire (Archipels), ou s’imposent dans des arrangements solides, bien faits et s’intégrant harmonieusement au matériel de départ : pizzicatos effrénés dans Photographe, plénitude sonore envoûtante sur Croix de chemin…
Les quelques morceaux interprétés en solo ne détonnent pas malgré le dénuement instrumental. Canyon et Rose de Cactus, entre autres, donnent l’impression d’être très bien rodées, en béton. Philippe B joue la carte de la simplicité et de l’authenticité tout en démontrant un grand savoir-faire et une aisance naturelle qui témoignent de son bagage scénique, seul ou avec d’autres musiciens. Malgré la mélancolie qui en émane bien souvent, sa musique fait du bien, peu importe l’habit.