Mickey 17 : une critique absurde de la société

Le nouveau film tant attendu de Bong Joon-ho, réalisateur de Parasite, vient d’arriver au cinéma et il est difficile de se faire un avis. Mickey 17 divise la critique ; tantôt acclamée par les uns, tantôt décriée par les autres, l’œuvre a en effet le problème de ne pas être homogène.

Par Camille Sainson, journaliste multiplateforme

On sort de la séance avec un léger goût amer en bouche, sans savoir si ce qu’on vient de regarder pendant 137 minutes était extraordinaire, bon ou tout simplement médiocre. Alors que Parasite nous avait clairement époustouflé par sa maîtrise de l’image et du scénario, Bong Joon-ho signe ici un film plus américanisé qui sombre parfois dans la simplicité. L’histoire avait pourtant tout pour nous captiver : un homme qui, grâce à une prouesse scientifique, ne peut plus mourir, mais qui devient par là même un objet aux yeux des autres, un objet dont la vie ne « vaut » plus rien. Mais pourquoi prendre une telle décision ? Parce qu’il s’agit bien d’un choix : Mickey décide de fuir sur une autre planète pour échapper aux représailles d’un parrain mafieux rapidement introduit. Dommage que ce dernier passe vite en arrière-plan pour devenir inexistant, il avait pourtant un objectif cinématographique très intéressant :  parvenir à filmer l’instant exact de la mort chez ses victimes.

Mickey 17 est un film coupé en deux : la première partie est bel et bien signée Bong Joon-ho, la satire est savamment diluée avec la science-fiction, le pitch est prenant, le cadrage impeccable. Mais, tout à coup, passé la première heure, un autre réalisateur semble s’emparer de l’œuvre ! On tombe en effet dans le film postapocalyptique grand public sans intérêt et dans le déjà-vu ! Même le personnage de Kenneth Marshall incarné par Mark Ruffalo en métaphore de Trump devient presque redondant pour un acteur qui jouait un rôle similaire d’imbécilo-pervers dans le Pauvres créatures de Yorgos Lanthimos. Et ne parlons pas du rôle féminin de Naomi Ackie, rôle sans intérêt qui ne passera même pas le test de Bechtel.

De son côté, le thème philosophique à souhait sur les questions existentielles de vie et de mort disparaît pour laisser place à une intrigue extraterrestre, et ce, sans avoir réellement été développé. La prémisse est tuée dans l’œuf. Ce qui est bien dommage puisque c’était tout l’intérêt du film.

Revenons tout de même sur ses aspects positifs parce qu’il y avait de l’idée ! Bong Joon-ho parvient à innover un peu dans le genre de la science-fiction, ce qui n’est pas évident ; il nous propose un personnage complexe, sorte d’antihéros moderne caractérisé par une certaine naïveté, mais qui parvient à se réveiller in extremis pour devenir un nouveau Jake Sully (vive l’américain moyen qui se rebelle pour sauver toute une population autochtone). Bref, on passe quand même un bon moment divertissant devant Mickey 17 qui nous tend un miroir peu flatteur de nos dérives politiques et sociales.

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