Jusqu’au 11 mai, le Théâtre de la Bordée présente la pièce Hamlet (Shakespeare), traduite par Jean-Marc Dalpé et mise en scène par Marie-Josée Bastien.
Mathieu Massé
Le roi est mort. La reine se remarie… avec le frère du roi. Le Prince Hamlet ne peut tout simplement pas le concevoir. Un soir où il rencontre le spectre de son père, il entrevoit les véritables raisons de sa mort. Il ne peut alors que s’engager dans un chemin qui mènera à son trépas.
La mise en scène de Marie-Josée Bastien est très rythmée, et le décor, des plus sombres. Les éléments de ce dernier sont quant à eux très bien utilisés. On peut noter d’emblée les balançoires utilisées de manière symbolique tout au long de la pièce. Plusieurs composantes changent de formes : un banc devient un cercueil, par exemple. Malgré le côté très sombre et la mort omniprésente, la pièce garde une espèce de modernité qui engendre un sentiment de rupture avec tout le reste. Le design des costumes de Hamlet balance presque parfaitement les époques. Élaborés par Sébastien Dionne avec une grande finesse, ils agissent comme un pont entre les aspects classiques et modernes abordés dans la pièce.
Jean-Michel Déry joue un Hamlet sûr de lui. Il réussit bien à transmettre les sentiments de ce personnage troublé qui frôle la folie. Il se confond lui-même dans cette démence en basculant parfois dans un état qui finira par confondre les spectateurs. C’est sans aucun doute sur lui que la trame de la pièce repose. Jean-Michel Déry trouve de bons appuis à ses côtés : Lise Castonguay (Bonjour, là, bonjour et Les trois sœurs) et Réjean Vallée (Les feluettes et Roméo et Juliette), qui incarnent les rôles de Gertrude et de Claudius. Leur interprétation est juste, mais ne semble pourtant pas convaincre le public à 100 %. De son côté, Israël Gamache — qu’on a pu voir il y a à peine quelques mois dans Rhinocéros au Théâtre du Trident — suit le rythme à merveille.
D’une durée de près de trois heures, la pièce reste fidèle au texte. Malgré un très bon rythme, on y retrouve certaines longueurs qui pourraient déranger les moins patients d’entre nous. La pièce vaut toutefois le détour, puisque Marie-Josée Bastien a su balancer à merveille son adaptation, qui vogue entre classicisme et modernité.