Photo : Danika Valade

Contributions étudiantes pour l’église Saint-Jean-Baptiste

Le mandat imparti aux étudiants de Tania Martin était clair. En une session, ils devaient proposer une version novatrice de l’église Saint-Jean-Baptiste. Les propositions finales ont été exposées pendant les Fêtes, non sans récolter un lot de commentaires positifs de la part des résidents et du conseil de quartier.

Ils ont cogité à raison de 40 heures par semaine pour réinventer le bâtiment patrimonial fermé le 24 mai dernier. Après plusieurs nuits blanches en atelier, l’expérience s’est conclue avec l’exposition des maquettes à la bibliothèque Saint-Jean-Baptiste, du 17 décembre au 10 janvier.

Cette mission origine du comité patrimoine du conseil de quartier. L’une des membres, Marie-Paule Robitaille, a proposé cette idée à la professeure Tania Martin, se rappelle Michael Richer-Lebrun. À ce moment, « la population pense à de petites interventions – comme conserver l’église et réaménager le sous-sol – qui ne donneront pas une deuxième vie à l’église », ajoute celui dont le projet consiste en un centre d’interprétation du patrimoine.

Le défi est d’envergure, surtout dans un contexte où beaucoup de lieux de culte changent de vocation. Dans certains cas, les projets restent conservateurs, car les concepteurs voient « l’église comme un bâtiment figé dans le temps », observe Philippe Vézina, dont le projet comprend un marché public.

Au contraire, poursuit-il, pour redonner vie à un tel lieu, il faut le « voir comme un bâtiment vivant, actif qu’on peut modifier au fil du temps. Un bâtiment en ruines n’est pas un bâtiment invitant. »

Faire différent, certes, mais faire rentable. Comme l’explique le jeune homme, une somme de 170 000 $ est nécessaire pour entretenir l’église chaque année. Des frais qui comprennent le chauffage et l’électricité, et qui s’ajoutent aux 10 millions nécessaires pour la reconversion, poursuit-il.

Bonnes réactions

Photo : Danika Valade
Photo : Danika Valade

Les trois étudiants rencontrés par Impact Campus à la mi-novembre s’inquiétaient de la réaction du public envers leur audace architecturale. Les échanges avec les résidents et le conseil du quartier avaient alors amené plusieurs contraintes, concédait l’étudiant Michel Asselin. « Bien souvent, les gens veulent conserver leur église à tout prix, et le culte surtout. »

Bien que le culte n’ait pas sa place dans tous les projets, le retour que les étudiants ont eu est très positif, surtout de la part du conseil de quartier, atteste Michael Richer-Lebrun. Les résidents qui ont visité l’exposition « étaient intéressés à regarder les planches, à comprendre les projets », renchérit Luiza Santos, qui a également pensé à faire de l’édifice un marché public.

Si les commentaires positifs ont autant afflué, c’est que les résidents du quartier ont jugé les idées plus que les projets finaux, croit Philippe. Ils n’ont pas vu les maquettes comme des miniatures d’un projet à voir le jour tel quel, mais comme des références dont les idées pourraient inspirer la reconversion, nuance-t-il.

La suite

Pour l’instant, impossible de savoir si les propositions étudiantes seront retenues, en totalité ou en partie. Comme l’explique Michael, le reste dépend des différents intervenants, dont font partie la fabrique et le conseil de quartier. Un horizon de 2017 est envisagé, mais « c’est très politique comme projet, alors ça peut être long avant de voir un avancement », laisse-t-il savoir.

Pour l’heure, l’exposition des travaux sera peut-être prolongée par le conseil de quartier. Cette fois, les maquettes seront présentées à raison d’une par semaine dans d’autres églises de la ville, annonce Luiza Santos.

Auteur / autrice

  • Kim Chabot

    Journaliste culturelle dans l’âme et historienne de formation, Kim est passionnée par la littérature, les arts visuels et le théâtre. Elle aime découvrir de tout, des grands classiques aux projets artistiques de la relève. Pour elle, les scènes de l’Université Laval et de la Ville de Québec sont des gros terrains de jeux aux possibilités infinies. Elle nourrit aussi un grand amour pour la langue française, au grand dam de ceux qu’elle reprend inlassablement pour des « si j’aurais ».

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