Grenadine
Grenadine
R-Musik
Avec son EP sorti en 2010, Julie Brunet, alias Grenadine, nous offrait un maxi-bonbon renfermant des pièces pop rappelant, notamment, celles de Françoise Hardy. Quatre ans plus tard, Grenadine offre son premier long jeu, éponyme, composé de onze titres qui nous feront entrer dans l’univers de la principale intéressée.
Qu’est-ce qui nous attire dans cet univers et, surtout, qu’est-ce qui nous incite à y rester? Probablement sa beauté. Tous ceux qui ont entendu ou aperçu cette chanteuse au nom fruitée vous le diront : elle rend tout meilleur grâce à sa voix si jolie, si claire. Grenadine chante avec force et assurance ses histoires légères. Avec juste assez de naïveté, elle nous dévoile ses mélodies qui parlent d’amour, tantôt tendre, tantôt salé, mais toujours adorable –quoique dense en métaphores par moments. Le danger, c’est la saturation, l’excès. Heureusement, Grenadine remplit son pari : à la fin des onze morceaux on en prendrait encore, mais pas trop.
Il ne faut pas s’y méprendre, c’est un bon disque, mais qui en promet peut-être plus qu’il n’en donne. Le mélange entre la pop française rétro, les arrangements organiques et l’électro est très réussi (l’expérience de Jérôme Minière, le réalisateur, a porté ses… fruits). La voix n’est pas un problème, c’est même tout le contraire. L’anicroche se situe dans l’interaction entre la trame instrumentale et les paroles que chante Brunet. Sur environ la moitié des pièces de la galette, on a l’impression que les instruments ne font qu’accompagner l’auteure-compositrice-interprète, comme des danseurs figurants dans une comédie musicale des années 60. Des figurants qui se déhanchent comme s’il n’y avait pas de lendemain, certes, mais qui restent un peu accessoires. C’est dommage, parce que pendant les autres compositions on entend une chimie réelle entre textes et musique. Dans Marion, Papier Carbone et Oublie-la, trois petits chefs-d’œuvre pop, l’équilibre est parfait.
Sur ces trois titres nommés précédemment, les textes de Grenadine sont plus aérés, laissant l’espace nécessaire à la musique pour s’épanouir de concert avec le chant. Autrement, les autres chansons créent un tiraillement pour l’oreille : soit on plonge dans les déboires amoureux que nous chante l’interprète, soit on danse sur les rythmes accrocheurs. On veut un peu des deux en même temps ! Et on voudra définitivement réécouter du Grenadine, même quand elle sera devenue notre Françoise Hardy.
3/5 Julien St-Georges