Un baume à la froideur de novembre
Trois ans après avoir conquis le Québec avec Himalaya, mon amour, Alex Nevsky revient en force avec son troisième album Nos Eldorados. Si le premier extrait radio Polaroïd a mis la barre haute pour les autres pièces de l’album, celles-ci ont dépassé les attentes haut la main. Grâce à des morceaux tantôt enjoués, tantôt posés, l’artiste réussit à panser les plaies que laisse parfois la froideur et la mélancolie de novembre.
La musicalité des pièces parfois sorties tout droit des années 80 font le charme du disque, alors que c’est quelque part entre la douceur et l’extravagance que l’artiste nous invite à entrer dans son monde. Le rythme des chansons est particulièrement intéressant, venant quelquefois nous réconforter et d’autres, nous stimuler. L’intensité est aussi au rendez-vous, tandis que plusieurs morceaux connaissent des poussées musicales impressionnantes. C’est notamment le cas de La beauté, qui nous offre rien de moins qu’un crescendo de bonheur donnant envie de danser.
Il faut aussi applaudir le travail colossal effectué en studio d’enregistrement. Que ce soit par l’utilisation d’effets d’écho, de fondus ou de stéréo, tous les morceaux ont leur propre couleur, une sonorité unique nous réservant des surprises. Ce genre de travail est particulièrement efficace, car il attise l’intérêt de l’auditeur de pièce en pièce.
Sortant des sentiers battus, les textes du disque proposent une poésie moderne et éclatée. Ayant participé à l’écriture de la totalité des chansons, l’artiste fait preuve d’une sensibilité éloquente. Même si quelques rimes sont parfois faciles, les textes nous offrent un regard poétique sur la vie quotidienne et les relations amoureuses. Il faut de plus saluer l’audace de Nevsky lorsqu’il reprend une célèbre citation de Pierre Falardeau, « la liberté n’est pas une marque de yogourt », sur fond de musique techno dans la pièce titre de l’album, Nos Eldorados.
Les deux collaborations présentes sur l’album forment quant à elle d’agréables surprises. Si Réveille l’enfant qui dort propose une pièce entraînante aux sonorités rock et dont l’apport du rappeur Koriass est non négligeable, la collaboration entre Alex Nevsky et Cœur de Pirate est une révélation formidable. Dans Jeter un sort, l’univers des deux artistes fusionne à merveille pour donner une pièce touchante et unique. Leur voix se complètent à la perfection de manière juste pour nous donner un duo électrisant. Toutefois, ce qui rend ces collaborations encore plus enthousiasmantes, est le fait qu’elles s’insèrent parfaitement dans la trame de l’album et ne sont pas juste là pour faire vendre des copies.
L’enchaînement des pièces est intéressant tout au long de l’album. Plus les morceaux se suivent, plus les textes deviennent intimes et semblent nous plonger dans le quotidien de l’auteur. La seule ombre au tableau est probablement la chanson titre de l’album, totalement discordante du reste de l’œuvre, avec un son électro cassant le rythme et l’histoire instaurée tout au long de l’album.