Critique cinéma : Deux jours, une nuit

Les frères Dardenne proposent dans leur dernier long-métrage un portrait de société répétitif et sans saveur. Deux jours, une nuit tourne en rond sans proposer quoi que ce soit pour satisfaire le spectateur.

Alice Chiche et Mathieu Massé

Le tableau brossé par les deux frères est simple, clair, actuel. On se retrouve en Belgique en pleine période de crise économique. Pourtant, les réalisateurs ont du mal à emporter le spectateur dans la course. Deux jours, une nuit. Le titre à lui seul résume la trame du film. Une fin de semaine résumée en 1h40, celle de Sandra. Posés devant un choix horrible, les collègues de Sandra doivent décider s’ils gardent leur prime annuelle ou s’ils veulent que Sandra reste dans l’entreprise. C’est en deux jours et une nuit que Sandra tentera de les convaincre qu’elle vaut plus que leur prime.

C’est dans un porte-à-porte lent et redondant qu’elle tentera d’y arriver. Les mêmes questions, les mêmes gros plans sur le visage de Sandra, anxieuse. Seize collègues, seize fois le même sketch. Redondance.

Jean-Pierre et Luc Dardenne filment caméra à l’épaule et gardent le spectateur démesurément proche des personnages. Peut-être ont-ils voulu forcer l’émotion ? Mais laquelle ? Ce film nonchalant ne tente pas de surprendre le spectateur, mais bien à le balader au gré des seize collègues de Sandra. Une valse lente et superflue.

Le personnage de Sandra interprété par Marion Cotillard est aussi décevant. Cette actrice aux mille et une facettes se cantonne dans le rôle fade d’une femme en sortie de dépression, sans grand succès. Alternant crises d’angoisse incontrôlables et tentatives de remonter la pente, le personnage dressé par les frères Dardenne est trop simpliste pour une personne post dépressive qui est sur le point de replonger.

Le tableau est beau, mais les couleurs sont fades. Au lieu de nous offrir la belle fresque de la situation économique difficile d’une famille en Europe, les réalisateurs se sont confinés dans ce porte-à-porte terne et sans un réel sens. Le film manque de beaucoup de choses et ne réussit pas à capter l’attention, à nous emporter dans l’émotion.

2/5

Auteur / autrice

  • Alice Chiche

    Montagnarde fraichement débarquée dans la Belle Province pour ses études en journalisme à l'Université Laval, Alice a du mal à lâcher son kodak des mains. Même pour dormir. Sa passion ? Capter l’instant.

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