Critique de spectacle : nouveau regard sur Carmen

Le spectacle Épitaphe pour Carmen et son assassin est une nouvelle interprétation du très connu opéra Carmen de Georges Bizet. C’est avec émotions que les spectateurs ont pu découvrir différemment la mère de José, un personnage du récit laissé dans l’ombre jusqu’à maintenant.

Présentée les 9 et 10 septembre au Palais Montcalm, la prestation allie la prose, la musique et l’opéra. Dans un texte et une mise en scène de France Ducasse, ce sont la peine d’amants tragiques, ainsi que l’insupportable douleur d’une mère éplorée qui sont exposées.

Épitaphe pour Carmen et son assassin, c’est en fait la triste plainte de deux femmes. L’une est Carmen, qui est mourante suite au coup de poignard de Don José. L’autre est la mère de cet assassin, qui passe par toutes les gammes d’émotions à l’attente de l’exécution de son fils.

Inspiré de l’opéra Carmen de Georges Bizet, l’œuvre s’attarde principalement aux émotions de la mère de Don José. Les spectateurs assistent à la lecture de ce que cette femme veut dire à son fils condamné à mort. Ne sachant trop si elle s’adresse à son fils, à elle-même ou encore à Carmen, la mère retrace le récit de son fils d’un tout nouveau point de vue. Les spectateurs découvrent de nouveaux aspects de l’histoire d’amour et de haine entre Carmen et Don José.

France Ducasse a mêlé deux de ses passions, l’écriture et le chant, ainsi que ses expériences en tant que mère pour créer cette touchante pièce.

Sur la musique de Georges Bizet, l’opéra met en scène Marie-Ginette Guay dans le rôle principal de la mère de Don José. La comédienne transmet à l’auditoire la panoplie d’émotions que doit ressentir une mère à la veille de l’exécution de son fils. Colère, déception, tristesse, injustice, douleur, honte et folie sont partie intégrante du poignant monologue.

La soprano Catherine-Élisabeth Loiselle incarne une Carmen tout à fait différente. Seule sur scène accompagnée du pianiste Jean-François Mailloux, elle semble lancer une longue plainte aux hommes de ce monde. En interprétant des classiques de cet opéra, notamment L’amour est enfant de bohème, la chanteuse fait revivre les scènes mémorables du très connu opéra. Les commentaires de la mère amènent, conjointement, une réflexion sur les paroles des pièces.

Cette alternance entre la prose et le chant est un intéressant mélange qui se prête parfaitement au discours véhiculé dans la représentation. La mise en scène, relativement sobre, a permis également de supporter les caractéristiques des deux personnages. Marie-Ginette Guay a su incarner une mère droite. L’interprétation de Carmen faite par Catherine-Élisabeth Loiselle contraste singulièrement en étant remplie d’excentricité et de fierté.

Ce mélange de styles, qui a réellement semblé plaire au public, amène un renouveau dans le répertoire classique. Cette initiative de l’écrivaine France Ducasse pourrait continuer à être explorée.

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