Harmonie chaotique
Chacune des nouvelles écrites par Neil Smith met en scène personnages, thèmes et problèmes différents. Malgré leurs divergences, ces histoires se font écho par les sentiments que les personnages dégagent tels que la tristesse ou le rire, la colère ou la joie, l’amour ou la haine, et par les actions qu’ils posent comme accepter ou questionner, mourir ou vivre.
Une femme cherche à s’ancrer en donnant vie à un bébé prématuré qui respire et vit grâce à un incubateur; un cochon d’Inde blanc devient, dans le noir, vert vif; un homme développe une tumeur bénigne, car il pose toujours de bonnes actions; une fille de seize ans dans un corps de huit ans, atteinte du syndrome de Fred Hoyle, vieillit d’un mois tous les jours pour ensuite rajeunir jusqu’à redevenir cellule; une veuve parle à une pierre de curling contenant les cendres de son mari décédé; et plusieurs autres nouvelles tout aussi surprenantes qui en rebuteront quelques-uns par leur finale souvent abrupte ou sous-entendue.
Huit nouvelles narrées au « je », au « tu » et au « il » qui empoignent et écorchent histoire par histoire. Elles égratignent votre manière de voir le monde tout en vous aidant à comprendre l’univers avec des thèmes comme la science, la maladie, la mort, etc. Il est aisé de reconnaître une parcelle de nous-mêmes dans chacun de ces personnages, formant un ensemble de gènes.
Il est facile de lire ce qui défile sous les yeux, mais plus compliqué de comprendre le sens de ces histoires. La fin laisse souvent perplexe, à la recherche d’une suite ou d’une solution, mais n’en trouvant aucune. Le lecteur est donc laissé sur sa faim.
Les nouvelles de ce premier recueil de Smith, pour lequel il s’est mérité le prix McAuslan, coupent le souffle par leur véracité et leur force, comme l’extrait dans lequel la veuve entretient une conversation avec la pierre de curling, son mari décédé.
Ces nouvelles font voyager, réfléchir à la vie et à qui nous sommes réellement. Un recueil qui demande d’ouvrir notre esprit et de trouver l’invisible dans le visible.
Note : 4,5 / 5
Big Bang
Neil Smith
Éditions Alto
En librairie le 8 mars
« J’ai tenu mon bout. J’avais besoin de Carl à mes côtés.
Pour la camaraderie.
Mais pas uniquement, non ?
Pour la compassion qu’il m’avait manifestée.
Ce n’est pas tout.
Les souvenirs de l’amour.
Mais encore ?
J’essuie mes larmes stupides.
Il y a une explication à ta sobriété.
« Une » explication ?
Moi. Ma présence. Ma vigilance de tous les instants. Je suis ton roc.
Ma main se referme sur la poignée de la pierre. Salaud, pensé-je. » p. 151.