L’enfant dans la cage
William Drouin
Éditions XYZ
Mourir dans un carré de sable
Noémie Doyon
Dès les trois premières lignes, on plonge. On retient notre souffle, comme submergés par les dix pieds de profondeur d’un lac sale et stagnant existant quelque part aux îles Fidji. Et si ça n’a aucun rapport avec l’histoire racontée dans L’enfant dans la cage, ça a tout à voir avec l’atmosphère pesante du roman.
Le premier livre de William Drouin s’ouvre sur la mort de la mère de Sixpé, un enfant à l’ouïe excessivement fine. Puis, on assiste tout aussi directement à la séquestration du garçon qui est littéralement « encagé » dans le carré de sable où son frère a disparu autrefois. Pendant quatre jours, Sixpé sera forcé d’écrire sous un soleil lourd, sans avoir rien à boire ni à manger.
D’ailleurs, L’enfant dans la cage se présente comme le manuscrit de Sixpé. On sent, au travers du récit, la naïveté et l’imagination envoûtante du garçon. Toutefois, le style soigné, poussé et « propre » de l’auteur efface quelques fois la crédibilité de la lecture dans la mesure où il est difficile de croire qu’un enfant puisse écrire aussi bien et surtout, aussi profondément. Autrement, on savoure ce livre où il est étrange, mais jouissif de vouloir sauter d’une phrase à l’autre sans jamais s’arrêter.
C’est aussi la fluidité avec laquelle Sixpé passe du moment présent au passé qui rend l’histoire puissante : il rapporte avec précision un événement auquel il n’a pas assisté puisqu’il n’était vraisemblablement pas né. La lecture du récit devient vite une addiction surprenante. William Drouin a très bien su construire son intrigue principale autant que ses intrigues secondaires en jouant agilement avec les sauts dans le temps. Cependant, plusieurs intrigues secondaires, comme la mort du frère ou l’infidélité de la mère, restent en suspens. Cela n’enlève rien au roman, mais laisse souhaiter une fin plus claire, moins abstraite, pour l’intrigue principale.
Pour ça et pour bien plus, L’enfant dans la cage, premier livre de William Drouin, s’amène tel un plaisir coupable alors qu’on se délecte des malheurs d’une famille, de vulgarité et d’une prose coup-de-poing.
4/5