Robert Lalonde est un écrivain, acteur, dramaturge québécois né en 1947. Cet artiste multidisciplinaire est l’auteur de nombreux écrits, autant des poèmes, des pièces de théâtre, des romans que des recueils de nouvelles. On a pu l’apprécier dans de nombreux rôles au petit et grand écran au cours de sa longue carrière.
Dans Un poignard dans un mouchoir de soie, son plus récent roman, Lalonde nous plonge dans un univers intéressant. Le récit commence et l’on suit les histoires de Romain, un professeur de philosophie à la retraite, Irène, une actrice de théâtre qui, à cause de son âge, est condamnée à jouer des rôles de reines mourantes, et Jérémie, un jeune sans-abri héroïnomane. Les trois ont un lien indirect entre eux : Jérémie récite souvent du Dostoïevski à Irène à la sortie de ses pièces, et Romain a croisé Jérémie après avoir assisté aux funérailles d’un proche. Irène et Romain se sont vivement attachés à Jérémie, chacun de leur côté.
L’amitié n’a pas d’âge
C’est une relation très singulière qui se développe entre nos trois protagonistes, qui se sont rencontrés par hasard ; Romain a trouvé un billet dans sa boîte aux lettres pour assister à la première d’une pièce où Irène occupe le rôle principal. Leur âge n’est jamais mentionné dans le roman, mais on se les imagine dans la soixantaine minimum, l’un étant à la retraite et l’autre jouant des rôles de mourantes, alors qu’on sait Jérémie vers la fin de l’adolescence. On aime la vérité du récit, c’est écrit dans un langage populaire et d’une manière assez crue à quelques occasions. Personnellement, je dois admettre que j’aime retrouver des sacres dans un roman. Certains lecteurs s’attendent souvent à ce que la littérature soit écrite dans un langage très soutenu, mais ce n’est pas mon cas; ne me méprenez pas, le texte est très bien écrit, ce n’est pas vulgaire inutilement, les sacres sont utilisés avec parcimonie et ça rajoute une belle passion au récit.
Des longueurs
C’est quelque peu long avant que l’intrigue se mette en branle. L’intrigue est séparée en trois actes; on est pas très loin du théâtre dans le roman, avec ses dialogues foisonnants. Pendant le premier acte, environ les 90 premières pages – sur un roman qui fait un tout petit peu moins de 200 pages -, l’histoire s’installe, mais une fois que l’intrigue tombe, on est happé par le récit. C’est une intrigue qui pose beaucoup plus de questions qui ne donne de réponse, il faut aimer réfléchir pour vouloir lire ce genre de roman. Le moment où Irène et Romain se rencontre pour la première fois va changer leur vie, et c’est ce qui se produit autour de la 90e page, justement. Par moments, j’avais de la misère à suivre le fil, je trouvais l’histoire quelque peu décousue; à partir du deuxième acte ça se place un peu, mais il y a quand même à certains endroits des éléments questionnant, comme des personnages qui apparaissent un peu de nulle part ou des actions quelque peu incompréhensibles.
Au bout du compte, c’est assez dommage; l’histoire est très intéressante, mais elle est mal exploitée, je dirais. Le fond est intéressant, mais la forme laisse à désirer; l’idée de trouver l’amour à un âge assez avancé et de montrer, de surcroît, l’amitié entre trois personnes issues de générations assez éloignées l’une de l’autre, ce ne sont pas des éléments qui m’aient été donnés de voir très souvent dans un roman dans ma vie. C’est une « perle à polir », pour citer le critique du journal Le Devoir, ça résume très bien.